Madame la ministre, la seule personne qui ait fait condamner un organe de presse pour diffamation pendant la campagne présidentielle, c'est moi. Cet organe de presse, c'était l'AFP, précisément celui auquel vous voulez confier le soin de décider ce qui sera une information véritable ou ce qui ne le sera pas.
Ils avaient commis une diffamation extrêmement grave, d'ailleurs reprise de manière automatique – puisque vous parlez d'automaticité – par tous les journaux, qui, en réalité, diffusent toujours les mêmes informations, expriment toujours la même vision avec les mêmes mots et les mêmes éléments de langage. C'était massif, c'était automatisé et c'était très grave, puisqu'on accusait le Front national d'avoir quelque chose à voir avec les Panama papers, scandale qui a éclaboussé à peu près tout le monde, sauf nous !
Nous avons donc attaqué l'AFP, mais cette condamnation a été prononcée trop tardivement. Sur ce point, il y a peut-être quelque chose à faire en effet : accélérer les procédures pour diffamation et pour injures. La ministre de la justice pourrait enjoindre au parquet de poursuivre les journaux qui se livrent à la diffamation et de réclamer à leur endroit de lourdes sanctions. En effet, la liberté de la presse doit avoir pour contrepartie l'obligation pour les journalistes de respecter une éthique de la vérification des faits et des accusations qu'ils portent.
Mais qui va avoir un intérêt à agir ? Vous nous avez dit, madame, qu'il suffirait de dire que le Brexit coûterait ceci ou cela pour être passible de poursuites. Mais qui aura intérêt à agir ? Quiconque considérera qu'il s'agit d'une information fausse pourra saisir un magistrat en référé ? Cela n'existe pas : il faut avoir un intérêt à agir, madame, vous le savez bien. Vous voyez bien que cela n'a aucun sens et ces propos m'étonnent de la part de la juriste que vous êtes.