La logique qui sous-tend ce projet de loi – nous le comprenons à mesure que le débat avance – conduit le salarié à devenir responsable de sa propre formation et de son adaptation au marché du travail et aux besoins des entreprises.
C'est faire fausse route, car cette responsabilité incombe non seulement aux salariés, mais aussi à l'employeur et à la collectivité tout entière. Il est faux de penser que la formation professionnelle n'est qu'un moyen parmi d'autres de favoriser ce que les néo-libéraux appellent l'employabilité. La formation professionnelle est, avant toute chose, un moyen offert aux salariés de mieux comprendre leur environnement de travail, les mécanismes financiers et de production, de mieux saisir la dynamique collective à l'oeuvre sur le marché du travail. Elle a pour but d'apporter de nouvelles connaissances, non seulement pour améliorer la productivité du collectif au travail mais aussi pour favoriser l'émancipation du salarié. C'est un vrai sujet. Jean Jaurès nous rappelait que, si la grande Révolution française avait fait de l'homme un citoyen dans la cité, il l'avait laissé serf dans l'entreprise – ce qui est encore vrai aujourd'hui. Or l'aliénation au travail a pour inévitable corollaire la rupture entre le travailleur et l'objet de son travail, la perte de sens, la baisse de la qualité du travail et de sa productivité.
Les connaissances ne profitent pas qu'à celui qui les acquiert mais également à la collectivité, et l'entreprise, comme la société, ont intérêt à favoriser la formation de celles et ceux qui travaillent ou cherchent à le faire.
Cet amendement vise donc à rappeler la responsabilité des entreprises dans leur devoir de formation et à assurer leur participation effective à ce qui est bon pour tous.