sauf dans l'enseignement professionnel, a, par cette vertu-là même, produit une population apte à passer d'un emploi à un autre ou d'une technique de travail à une autre, car elle en aperçoit les caractéristiques communes. Sauf dans l'enseignement professionnel, dis-je, car j'ai bien perçu quelques clameurs contre le principe des 80 % d'une classe d'âge au niveau du bac, illustration de la logique des « vieux schnocks » selon laquelle c'était mieux avant et nul aujourd'hui…
Ce refrain, on le connaît fort bien : on l'a entendu à toutes les époques. Les mêmes se sont mis à glapir et à vociférer quand 80 % d'une classe d'âge sont arrivés au niveau du bac général ; mais que seulement 60 % d'une même classe d'âge y parviennent dans l'enseignement professionnel, cela n'a pas l'air de les déranger ! Or, permettez-moi de vous le dire, un bachelier professionnel est au moins aussi important pour le pays qu'un bachelier de la voie générale. D'ailleurs, souvent, le bac professionnel est plus difficile que le bac général.
J'ai, pour ma part, obtenu le bac général et en suis fort satisfait, mais, honnêtement, il faut voir ce que sont un bac de maintenance des systèmes automatisés ou un bac professionnel de chaudronnier ! Je ne parle évidemment pas pour ceux qui croient encore qu'un chaudronnier fabrique des chaudrons, et ils sont encore nombreux ! À celui qui prépare un CAP de chaudronnier, on demande souvent s'il fabrique des chaudrons. Non ! Pas des chaudrons, mais des carlingues : de bateau, d'avion ou de fusée, et la fabrication se joue au micron. Les jeunes travaillent sur des machines à commande numérique qui valent chacune des millions, et traitent des matières premières qui, elles aussi, valent un bras. Les patrons, par conséquent, sont prêts à payer le prix qu'il faut pour que le gars ou la fille ne démolisse ni la machine ni la matière première. Cela s'appelle la qualification, dont nous allons parler.