Enfin, votre projet de loi passe à côté de deux sujets majeurs : l'apprentissage dans le public et la place de l'éducation nationale dans la formation. Nous le savons, l'apprentissage se développe d'abord dans les entreprises, que la loi oblige à recruter en apprentissage. Mais qu'en est-il des collectivités territoriales et de l'État ? Avant de donner des leçons aux autres, il faut balayer devant sa porte : le public ne peut plus éviter l'apprentissage. C'est un sujet compliqué mais essentiel.
Parmi les nombreuses figures que j'ai rencontrées en travaillant sur ce projet de loi, il y a le directeur du centre de formation d'apprentis, CFA, de Roville-aux-Chênes, dans les Vosges, spécialisé notamment dans les métiers liés aux espaces verts. Jusqu'à aujourd'hui, la région Grand Est aidait les communes pour l'embauche d'apprentis ; demain, puisque vous retirez l'apprentissage aux régions, celles-ci se retireront également de ce genre d'aides. Qui viendra compenser cette perte ? Les branches ? L'État ? Cela m'étonnerait. Ainsi, vous ne réglez pas le problème de l'apprentissage dans le public, mais vous allez le renforcer.
Enfin, par peur peut-être de l'éducation nationale, vous maintenez le système des lycées professionnels sans y toucher. Alors que les régions, dont les responsables connaissent leur territoire, maintenaient un équilibre entre les lycées professionnels et les CFA, il est peu probable que les branches le fassent. Vous allez donc mettre en concurrence deux systèmes, et je crains que les seuls perdants ne soient au final les jeunes. De même, pour compenser la perte par les régions de la compétence apprentissage, vous leur transférez la compétence orientation, mais sans leur transférer les moyens, c'est-à-dire la gestion des centres d'information et d'orientation, CIO. C'est une erreur. L'orientation est la grande absente de votre projet de loi.