Ayant été moi aussi un élu rural, dans les Alpes-de-Haute-Provence, je connais l'enjeu et saisis pleinement le sens de votre question, monsieur le député. Néanmoins, comme l'a relevé précédemment Stanislas Guerini, la désertification médicale ou la carence en médecins est un problème qui se pose aujourd'hui, hélas, partout en France, tant en milieu urbain qu'en milieu rural.
La première partie de votre question porte sur l'installation des médecins généralistes. Comment rendre l'installation attractive, pour reprendre vos termes ? De nombreux gouvernements ont travaillé sur ce sujet depuis de longues années. Les effets du baby-boom à la fois sur l'installation des médecins et sur le vieillissement de la population atteignent aujourd'hui leur paroxysme.
Vous avez proposé une solution, mais le Gouvernement estime qu'il n'y a pas de solution unique. Mettre fin au conventionnement des médecins s'installant dans une zone déjà surdotée sauf en cas de départ à la retraite ou d'arrêt de l'exercice peut apparaître dans une certaine mesure comme une bonne solution, mais, au fond, elle ne garantirait pas l'installation du médecin sur un territoire carencé. En réalité, dans la pratique, le fait d'empêcher l'installation à un endroit n'augmente pas l'attractivité d'un autre endroit. Autrement dit, ce n'est pas en empêchant les médecins de s'installer sur le littoral qu'ils s'installeront dans les territoires ruraux. D'autres éléments jouent dans ces choix et compliquent la donne, notamment l'âge d'installation ou la possibilité de constituer une famille.
Pour sa part, le Gouvernement propose un changement de paradigme : nous voulons désormais raisonner en termes de temps médical disponible des professionnels de santé plutôt qu'en termes d'installation des médecins. Nous voulons favoriser le développement de la télémédecine et des pratiques avancées, afin de mieux répartir le temps médical entre les professionnels de santé et de réduire les délais de consultation. La loi de financement de la sécurité sociale pour 2018 permet pour la première fois la rémunération des interventions de télémédecine, et de nombreuses initiatives sont prises aujourd'hui dans les territoires pour la développer. Nous voulons aussi renforcer les coopérations entre les professionnels de santé de l'hôpital et de la ville. Enfin, nous devons aider les jeunes médecins à s'installer et les plus âgés à cumuler leur emploi et leur retraite, chaque fois que c'est possible et que cela correspond à leur choix.
C'est cette palette de solutions qui doit permettre d'améliorer le système. Comme la ministre de la santé l'a indiqué, nous travaillons dans ce sens, et si de nouvelles propositions de nature à compléter le dispositif venaient à être formulées, le Gouvernement y serait évidemment attentif.
Vous m'avez aussi interrogé sur le centre hospitalier intercommunal Alençon-Mamers. Les problèmes de recrutement se posent en effet au sein même de nos établissements hospitaliers publics, et il convient bien évidemment de se poser la question des investissements nécessaires à leur développement.
Comme vous le savez, l'agence régionale de santé – ARS – de Normandie soutient le centre hospitalier intercommunal Alençon-Mamers de façon significative depuis plusieurs années. Je sais que vous avez vous-même été très vigilant sur ce point dans vos engagements précédents et continuez à l'être aujourd'hui.
Il est nécessaire d'avancer sur le sujet. Je tiens à vous dire que l'ARS continuera d'apporter son soutien à l'établissement dans le cadre d'une priorisation forte des projets, les priorités étant l'unité de soins critiques et la réanimation, le centre lourd d'hémodialyse, la pédiatrie et le laboratoire. Tout cela doit se faire, bien évidemment, dans le cadre d'une amélioration de l'organisation et de la recherche de l'efficience, qui sont toujours indispensables, car la sécurité financière des établissements est un objectif que nous ne devons pas négliger.