Intervention de Louis-Georges Soler

Réunion du jeudi 31 mai 2018 à 9h15
Commission d'enquête sur l'alimentation industrielle : qualité nutritionnelle, rôle dans l'émergence de pathologies chroniques, impact social et environnemental de sa provenance

Louis-Georges Soler, directeur de recherche dans l'unité alimentation et sciences sociales (ALISS) :

Je suis économiste, directeur de recherche dans l'unité ALISS. Permettez-moi de vous présenter nos travaux en quelques mots. Notre recherche comprend trois volets.

Monique Axelos a d'ailleurs évoqué le premier volet, à savoir l'analyse de la demande alimentaire et des comportements de consommation. Nous cherchons en effet à comprendre les arbitrages des consommateurs en fonction des différentes caractéristiques des produits qui sont mis sur le marché, en prenant en compte le prix mais aussi la praticité ainsi que des caractéristiques nutritionnelles ou environnementales.

Le deuxième volet de notre travail consiste à étudier le fonctionnement des filières agroalimentaires en analysant les stratégies et les comportements des entreprises qui constituent ces filières et leur impact sur les caractéristiques des produits mis sur le marché. Là encore, nous n'examinons pas seulement le prix mais aussi la qualité et la variété de ces produits, ce qui permet d'examiner les rapports entre l'organisation des filières et les caractéristiques de l'offre alimentaire.

Le troisième volet consiste à évaluer les politiques publiques dans le champ de l'alimentation, en lien avec les politiques de la concurrence, de l'environnement et de la santé publique — en particulier en matière de nutrition. Dans le champ que je vous ai présenté, l'équipe au sein de laquelle je travaille étudie principalement les questions nutritionnelles au cours des dix dernières années. Nous nous intéressons donc aux politiques nutritionnelles et nous essayons de comprendre comment les consommateurs prennent en compte la dimension nutritionnelle des produits qu'ils achètent et plus généralement comment ils arbitrent leurs choix alimentaires. Nous menons également des études sur l'offre alimentaire.

En outre, j'ai participé à la création en 2008 de l'Observatoire de la qualité de l'alimentation (OQALI) en partenariat avec l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES). Ce dispositif a été proposé dans le cadre du Programme national nutrition santé (PNNS) ; il est financé par le ministère de l'agriculture et de l'alimentation et par le ministère de la santé. Cet observatoire est en charge du suivi de l'évolution des produits. Il élabore donc un ensemble d'outils pour mesurer l'évolution des caractéristiques nutritionnelles des produits alimentaires. L'OQALI s'est également vu confier le suivi de la mise en place des chartes de progrès nutritionnel mises en place dans le cadre du PNNS et du Programme national pour l'alimentation (PNA), qui ont été signées individuellement ou collectivement par certains industriels et par certains distributeurs avec les pouvoirs publics. Enfin, l'OQALI est également en charge du suivi du Nutri-Score qui est mis en place progressivement et de l'évaluation de son impact.

Au cours des dernières années, mes collègues et moi nous sommes efforcés de développer une approche « coût-bénéfice », afin d'évaluer les politiques en établissant la balance entre les coûts pour les différents acteurs et les gains en matière notamment de consommation et de santé. Nous avons développé des programmes pluridisciplinaires réunissant des économistes, des nutritionnistes et des épidémiologistes afin d'analyser l'impact des régimes alimentaires en prenant en compte les dimensions économiques, environnementales et nutritionnelles. En particulier, avec des collègues nutritionnistes, nous avons étudié comment la consommation de bio, en croissance ces dernières années, participe de cette dynamique. Quels sont les effets économiques, nutritionnels et environnementaux de cette consommation de bio, lorsque l'on tient compte des évolutions du régime alimentaire ?

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