Vous posez des questions tout à fait essentielles, qui tiennent à la nature particulière de la médecine du travail.
C'est une médecine « obligatoire ». Comment, dans ces conditions, construire avec ses patients la relation indispensable que mes confrères et consoeurs ici présents connaissent bien ? Évidemment, cela demande beaucoup de rigueur et de travail. Malheureusement, l'organisation des services, telle qu'elle est conçue, ne permet pas d'obtenir forcément cette confiance.
Il existe, notamment, une confusion entre : d'un côté, une action de prévention tournée vers la santé des travailleurs, qui est d'ailleurs une obligation régalienne dévolue aux médecins du travail ; de l'autre, la nécessité – qu'il ne faut absolument pas minimiser – de prodiguer des conseils aux employeurs en matière de risque et de prévention. Ce serait nier l'évidence que de dire que les employeurs et les entreprises sont démunis dans ce domaine. Et l'on restera dans la confusion tant qu'il n'y aura pas, comme chez nos voisins belges, une séparation en deux pôles : d'un côté, un pôle de médecine du travail, avec des services de santé au travail ; de l'autre, un pôle d'appui à la prévention pour les employeurs.
La question de la confiance se pose donc. Et dans l'esprit des salariés, cette confusion, qui n'existe peut-être pas dans les exercices de mes collègues, est un élément négatif.
Un autre élément n'est pas créateur de confiance : le fait que les employeurs sont les gestionnaires de ce système. J'imagine un système dans lequel la médecine du travail pourrait dépendre, puisque c'est une obligation régalienne de l'État, des structures de l'État.