Sur le burn-out, il y a déjà eu une mission, puisque l'un de mes confrères au CHU a été auditionné récemment sur le sujet. Et sur les maladies émergentes, un certain nombre de choses existent aussi.
Pas plus tard que ce matin, j'étais à Santé publique France, où l'on a discuté des « Quinzaines des maladies professionnelles » organisées dans la région Pays de la Loire depuis plusieurs années : à cette occasion, pendant quinze jours, on interroge les médecins du travail sur toutes les maladies qu'ils estiment être en rapport avec l'activité professionnelle. Ce n'est qu'un sondage, mais il permet de se faire une idée de la réalité. Or le système est menacé par la pénurie de médecins du travail et de médecins inspecteurs. Un certain nombre de dispositifs existent donc, et je pense qu'il serait très intéressant pour vous de mieux les connaître. En effet, si on veut faire émerger quelque chose, c'est souvent par ce genre de sondages que cela peut se faire.
J'ai parlé tout à l'heure du Réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles (RNVPPP). Là aussi, un groupe de travail « émergence », essaie d'identifier les nouveaux « couples » qui peuvent apparaître. J'entends par « couple » une maladie et une activité professionnelle, avec un individu derrière. On en a repéré quelques-uns, surtout dans le domaine respiratoire. Mais pendant un moment, les fameux risques psychosociaux ont été complètement ignorés.
J'ai fait partie d'une commission de la sécurité sociale, qui permettait de financer des consultations de pathologies professionnelles. Mais on nous avait prévenus que l'on ne voulait pas entendre parler de tout ce qui était relatif aux maladies psychiques. Pendant des années, on a dit que cela existait et qu'on l'avait constaté, mais dans les rapports, cela n'apparaissait pas. Il faut donc trouver comment faire émerger ces pathologies. On a tous constaté que les déclarations de maladies professionnelles ou les CRRMP ne le permettaient pas. Mais il existe sans doute des solutions.
Je terminerai sur la formation. Je suis enseignant en médecine du travail. Quand j'ai commencé ma carrière, on avait, en fin de cursus, 25 à 30 heures d'enseignement, qui portaient essentiellement sur les maladies professionnelles. Cela revenait à suggérer aux médecins généralistes, une fois qu'ils connaissaient les maladies, l'idée que certaines de ces maladies pouvaient être en rapport avec l'activité professionnelle. Or maintenant, on nous demande de dispenser cet enseignement en début de deuxième cycle, c'est-à-dire en troisième année. Alors que les étudiants ne savent pas encore ce que c'est que les maladies, on leur parle des maladies professionnelles ! En outre, notre spécialité passe après d'autres, beaucoup plus prestigieuses, comme la cardiologie ou la chirurgie. C'est difficile pour nous et, finalement, les étudiants ne savent pas ce que sont les maladies professionnelles. Certes, on arrive à accueillir un certain nombre d'étudiants dans nos consultations de pathologies professionnelles. Mais dans mon petit service, j'en vois dix par ans, sur une promotion de près de deux cents étudiants. Il y a certainement des pistes à creuser.