Je voudrais intervenir sur la question des risques chimiques, leur traçabilité et les études longitudinales. À Fos-sur-Mer, des collectifs de médecins généralistes et d'individus ont mis en évidence une surcancérisation à partir de données déclaratives. Évidemment, cela n'a pas valeur d'étude épidémiologique statistique. Mais s'ils ont été amenés à procéder ainsi, c'est parce qu'aucune étude scientifique équivalente n'avait été mise en place. Il faut dire que les études longitudinales coûtent cher, qu'elles sont difficiles à mener et qu'elles s'appuient en général sur des cohortes, rétrospectives ou prospectives, qui sont très longues à porter. Avignon essaie actuellement de faire quelque chose de solide sur le plan scientifique pour les hémopathies malignes. Mais c'est très long à mettre en place : il leur faudra du temps et de la patience pour obtenir des résultats.
Dans un autre domaine, vous savez sans doute que le travail en horaires de nuit décalés a une incidence sur les cancers du sein. Or le nombre de centres du cancer qui mènent aujourd'hui en France des investigations sur ce sujet est extrêmement limité. J'ai eu affaire à l'équipe du centre de recherche clinique de Nantes et il m'a fallu deux ans pour avoir une étude sur la question des horaires décalés, alors qu'il existe des pages entières sur la question génétique et héréditaire. Il y a un vrai « décalage » par rapport aux besoins.
Enfin, la question de la reconnaissance est assez compliquée. Selon certaines études, le plus important pour le bien-être de quelqu'un est moins la reconnaissance statutaire que la reconnaissance humaine de sa valeur.