Merci pour la qualité de vos propos. Je voudrais partir de la pyramide de Maslow pour évoquer les besoins fondamentaux. Au sommet de la pyramide, il y a le besoin de s'accomplir. Mais est-ce au travail que nous nous accomplissons, ou bien le travail est-il est une source de pénibilité à laquelle il faudrait se soustraire ? La question du travail est à l'origine de deux grands courants de pensée et de philosophie. C'est donc complexe.
J'ai apprécié l'exemple du trouble bipolaire, qui peut devenir un avantage pour le fonctionnement de l'entreprise – peut-être un peu moins pour le fonctionnement familial. Tout cela est à replacer dans un système – mais un système ouvert. Le monde du travail et de l'entreprise est en effet ouvert sur l'extérieur et interagit avec de nombreux autres systèmes. On peut donc s'interroger sur ce qui va, ou non, faire émerger ce symptôme au sein de l'entreprise, dans le cadre d'une approche diachronique et synchronique.
Si j'en crois vos propos, la reconnaissance des maladies professionnelles passe aussi par la reconnaissance de la spécialité, et par une meilleure coordination entre les différentes spécialités médicales, le monde du travail et le monde de la santé. D'ailleurs, vous avez souligné une anomalie : vous dépendez directement du ministère chargé du travail et pas du ministère chargé de la santé. C'est peut-être une question à évoquer avec eux.
La question que je voulais vous poser concerne les liens avec la réalité au travail. Je crois que le médecin du travail doit consacrer un tiers de son temps à aller sur place pour voir lui-même ce qu'il en est et être en contact avec le milieu du travail. Qu'en est-il concrètement aujourd'hui ? Est-ce possible avec les contraintes de temps qui s'imposent à tout professionnel, particulièrement en médecine du travail ? Est-ce encore réalisable ? Si ce n'est plus le cas, il y a un grave hiatus qu'il conviendrait de réparer.