Au-delà des tableaux et de la question de la reconnaissance, il me semble important de souligner que le système est assurantiel et que ceci fait varier les cotisations des entreprises au risque AT-MP. Ce système doit avoir un aspect vertueux : en effet, la reconnaissance conduit à ce que l'entreprise concernée paie davantage ; elle a donc tout intérêt à mieux protéger ses travailleurs. Il appartient ensuite aux assurances maladie et à la branche AT-MP d'entrer dans un processus de reconnaissance, en lien avec les médecins du travail. Nous intervenons pour notre part dans le champ de l'épidémiologie, auquel je me cantonnerai ici.
Concernant les bassins industriels, et plus spécifiquement celui de Fos-sur-Mer et l'étude participative en santé environnement ancrée localement (EPSEAL) à laquelle vous avez fait allusion et sur laquelle nous sommes intervenus, il est frappant de constater que ce sont essentiellement les personnes habitant aux alentours qui se plaignent des nuisances. Les études épidémiologiques de santé perçue, voire d'analyse de clusters, sont menées auprès des habitants gênés par la pollution industrielle, en lien avec l'agence régionale de santé (ARS) et avec le préfet, mais nous ne savons rien de ce qui se passe à l'intérieur de l'entreprise, car cela ne relève pas de notre rôle, mais de celui du médecin du travail. Pourquoi se limiter aux personnes environnantes de ces sites et ne pas aller investiguer les salariés, bien plus exposés que la population alentour ? Il existe là un manque, un fossé, qu'il faudrait combler par le développement d'un travail conjoint entre la santé publique et la médecine du travail, autour de ces entreprises.