Mon intervention concerne la question des fractions de risques attribuables. Je rappelle que l'on peut calculer un intervalle permettant de dire que telle substance est responsable, dans le travail, d'un certain nombre de cancers. À partir de ce moment, nous disposons pour la substance en question de systèmes structurants donnant la possibilité de savoir dans quels secteurs elle est particulièrement utilisée. Ces fractions de risques attribuables peuvent ainsi être utilisées pour cibler et orienter les actions de prévention vers ces secteurs. Les systèmes mis en place par Santé publique France le permettent. En revanche, nous devrions sans doute mieux travailler notre articulation avec la prévention. Les données existent : encore faut-il que l'on s'en saisisse sur le terrain, afin de prévenir ces cancers.
Il faut aussi souligner que les fractions de risques attribuables ne sont pas le reflet exact de la « vraie vie » : en effet, un travailleur n'est jamais exposé à une seule nuisance, mais multiexposé. Or cette dimension est très compliquée à appréhender, à quantifier. Des études ont été produites pour montrer, chez les salariés français de l'industrie notamment, quelle était la part de l'exposition à un, à deux, à trois cancérogènes. Ceci met en évidence le fait qu'une personne n'est généralement pas exposée qu'à une seule substance susceptible de provoquer un cancer, mais à plusieurs. Nous avons, dans nos travaux, essayé de mettre en avant les secteurs les plus exposés. C'est là que doit intervenir la prévention : une fois que l'on sait, il faut agir sur le terrain.