Concernant le port des EPI, j'ajoute que ces équipements nuisent parfois à la protection contre l'exposition à d'autres risques. Je prendrai un exemple concret. Dans la métallurgie, certains salariés qui réalisent des traitements de surface sont exposés à des agents chimiques cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR). Ils portent donc des combinaisons chimiques contre le contact cutané. Cependant, ils travaillent près de bains, de fours et d'étuves chauffés à 190 °C. Cette chaleur rayonnante expose le corps à des températures élevées, qui déclenchent une sudation importante pour que le corps garde sa température interne biologique. Cependant, pour que la sudation soit effective, la sueur devrait pouvoir s'évaporer à travers la combinaison ; or l'EPI ne permet pas cette évaporation. Le salarié ne peut supporter la chaleur, il enlève donc la partie haute de son EPI. Et l'employeur de se plaindre de devoir acheter des équipements qui ne sont pas portés… Cependant, c'est bien l'employeur qui a fait une évaluation pour le risque chimique d'une part, pour le risque thermique d'autre part, et qui n'a pas envisagé l'adaptation nécessaire due à un effet cumulé.
Les organisations de travail polyvalentes ou l'intérim sont de plus en plus développés. Toutefois, aucune étude préalable dans les entreprises n'est menée pour réévaluer l'exposition au risque au sein de ces nouvelles organisations. Ce que nous appelons les « barrières de sécurité » – comme le temps de formation aux équipements de protection – sont dimensionnés par rapport au niveau de risque ; lorsque l'organisation du travail change, ces barrières doivent être revues et le temps de formation adapté. Cela n'est pas du tout pris en compte dans les entreprises. L'entreprise suit une dynamique rapide, mais l'évaluation des risques et les mesures de protection sont figées.