Intervention de Alain Bergeret

Réunion du jeudi 24 mai 2018 à 13h00
Commission d'enquête sur les maladies et pathologies professionnelles dans l'industrie risques chimiques, psychosociaux ou physiques et les moyens à déployer pour leur élimination

Alain Bergeret, directeur de l'unité mixte de recherche épidémiologique et de surveillance Transport Travail Environnement (UMRESTTE) de l'Institut universitaire de médecine du travail de Lyon :

Il existe deux types de multi-expositions : elles peuvent être professionnelles et non-professionnelles – c'est le cas auquel tout le monde pense – mais il y a aussi une multi-exposition professionnelle, comme les représentants du GISCOP93 l'ont souligné : cela peut concerner l'amiante et les fumées de soudure. Autre exemple : la manutention manuelle des charges lourdes et les postures – elles ne figurent pas, néanmoins, dans le tableau de maladies professionnelles correspondant. William Dab l'a rappelé : on ne peut plus dire « une maladie, un risque ». Pour un certain nombre de maladies, il faut arriver à faire en sorte que les tableaux deviennent multifactoriels, même si je sais que ce n'est pas facile et que cela bouscule tout ce que l'on a fait depuis un siècle – j'ignorais cependant les premiers débats de 1919, qui ont été rappelés tout à l'heure.

On parle depuis de nombreuses années de la réparation intégrale. On se rend compte qu'un certain nombre de réparations ont très largement dépassé en qualité celle des maladies professionnelles et des accidents du travail, mais toutes les tentatives d'amélioration se sont traduites par des échecs. On les a contournés avec des fonds d'indemnisation, comme le FIVA pour l'amiante, ou dans le cadre d'une faute inexcusable de l'employeur, mais ce ne sont pas des solutions idéales, loin de là. Il faudrait arriver à ce que la réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles soit d'une qualité équivalente à celle des accidents de la vie courante ou d'autres cas non liés au travail.

Y a-t-il une opposition entre la santé au travail et la santé environnementale ? Je veux quand même rappeler que l'on a développé le concept de « travailleurs sentinelles » pour l'environnement, parce que les travailleurs sont plus exposés que la population générale. À Aulnay-sous-Bois, par exemple, il y a la question de la reconstitution du personnel de l'usine, mais toute la population qui vivait alentour a aussi été exposée. Il n'existe donc pas d'opposition entre santé au travail et santé environnementale. L'appel d'offres de l'ANSES que j'ai évoqué tout à l'heure porte, du reste, sur ces deux domaines. Si je vous ai dit que je suis le coprésident du comité des appels d'offres, c'est qu'il y a aussi un coprésident pour les questions liées à l'environnement.

Enfin, je voudrais souligner à mon tour, après William Dab, que l'on a besoin d'un pilote d'ensemble. La dispersion totale, dans tous les sens, n'est plus possible.

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