En ce qui concerne l'épuisement professionnel, un des enjeux pour le corps médical, et au-delà pour l'ensemble de la population, est de ne pas mettre ce mot à toutes les sauces. On a connu un peu la même situation avec le harcèlement : tout le monde était harcelé à une époque, mais on parle moins de cette question, désormais. On met plutôt en avant le burn-out, un peu dans toutes les situations. Il faudrait arriver à savoir à quoi cela correspond vraiment. On a un peu avancé en France, car la Haute Autorité de santé (HAS) a fait réaliser une fiche sur le dépistage et la prise en charge de l'épuisement professionnel. Néanmoins, il y a un vrai problème.
Je suis moins compétent que M. Cochet en ce qui concerne la prévention primaire, mais je vois bien dans mon domaine – je suis responsable de la surveillance du personnel d'un centre hospitalier universitaire de grande taille – le rôle joué par l'intensification du travail. À l'hôpital, on fait maintenant en 35 heures ce que l'on faisait auparavant en 39 heures, et c'est tout simplement un désastre. Or il faut conserver des moments où l'on se parle. On y arrivait quand deux équipes se recouvraient – c'est une version quotidienne de ce que M. Cochet vient d'expliquer : deux équipes qui se suivent doivent avoir le temps de se transmettre des informations. Comme on ne peut plus le faire, on recrée artificiellement d'autres systèmes, après avoir détruit la communication, ce qui amène nécessairement à l'épuisement. Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres, mais nous le vivons au quotidien.