Les crayons rebutés sont regroupés et repartent en effet à La Hague parce qu'ils sont chauds. Un fer à repasser développe un kilowattheure ; un seul assemblage moyen de crayons rebutés développe 463 kilowattheures – et l'on en est à plus de 270 tonnes. La chaleur dégagée est donc intense et, l'usine Melox n'étant pas équipée pour gérer ces déchets rebutés, les renvoie à La Hague où ils sont entreposés dans la première piscine. Ces combustibles neufs sont les plus dangereux du point de vue du risque de criticité parce qu'ils ont la teneur en plutonium la plus élevée.
Tout cela me conduit à vous dire que, même si cela disparaît parfois des évaluations, il y a plus de 50 tonnes de plutonium à La Hague. Si, demain, les réacteurs que l'on a prévus pour brûler le plutonium ne sont pas au rendez-vous, que fera-t-on de ce matériau ? Il n'y a pas de plan B pour le plutonium si, dans vingt ou trente ans, on n'a pas une solution à ce sujet.
On pense qu'en fabriquant du MOX, on brûle du plutonium. C'est exact, mais on en brûle à peu près 23 %, ce qui n'est pas énorme. Et non seulement n'est-il pas entièrement brûlé mais, en raison de la fabrication massive de plutonium 241 au cours de cette opération, il y a 27 % d'activité radioactive de plus dans le combustible usé qu'il n'y en a dans le combustible neuf. Loin d'avoir diminué, l'activité en plutonium a augmenté.