Intervention de Bernard Laponche

Réunion du jeudi 31 mai 2018 à 14h30
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

Bernard Laponche, consultant, membre de l'association Global Chance :

EDF nous dit que l'on ne peut connaître le coût d'un démantèlement puisqu'aucun n'a eu lieu sinon celui, catastrophique, de la centrale de Brennilis. Expliquant que déterminer un coût réel est compliqué car il faut déduire du coût brut les provisions en fonction d'une série de facteurs variables : époque des travaux, taux d'amortissement, etc. EDF, au terme d'études complexes, avance un montant compris entre 350 et 500 millions d'euros au maximum. La Cour des comptes et moi-même en parallèle, avons fait la seule chose que nous pouvions faire : des comparaisons internationales. En Allemagne, E.ON évalue à 1,2 milliard d'euros le démantèlement d'un réacteur de 1 000 mégawatts comparable aux réacteurs français ; le coût du démantèlement des réacteurs 2 et 3 de la centrale de San Onofre est estimé à 1,5 milliard d'euros par réacteur. Autrement dit, les provisions d'EDF sont nettement insuffisantes.

L'ennui c'est, qu'en matière de coûts, personne n'arbitre. Personne ne dit à EDF de doubler ou de tripler ses provisions pour démantèlement. Il en va de même pour les déchets, et la comédie de Cigéo, en matière financière, est extraordinaire. L'Andra, au terme d'études compliquées et d'un débat qui ne l'était pas moins, avance finalement, après de premières évaluations très inférieures, un coût estimé de 35 milliards d'euros, dont l'ASN dit que c'est un minimum et que le décompte final sera sûrement supérieur ; EDF évalue la chose à 20 milliards d'euros puisque c'est eux qui doivent payer. Et comme une loi hallucinante établit que le coût de Cigéo est fixé par le Gouvernement, ce qui est invraisemblable, le Gouvernement décide que le coût sera de 25 milliards d'euros. Pour le démantèlement comme pour Cigéo, la provision devrait au minimum être doublée. Et si EDF évalue à 46 milliards d'euros le coût du grand carénage jusqu'à 2025, la Cour des comptes, qui va au-delà pour prendre en considération le grand carénage dans son ensemble, l'évalue pour sa part à 100 milliards d'euros.

Je ne peux arbitrer entre la Cour des comptes et je ne sais qui, mais je souligne que subsiste une interrogation monumentale sur les coûts, avec des sous-estimations prouvées dans certains cas. Ce qui manque, c'est une autorité habilitée à dire que cela n'est pas correct.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.