Intervention de Albert Lautman

Réunion du jeudi 7 juin 2018 à 11h30
Commission d'enquête sur l'égal accès aux soins des français sur l'ensemble du territoire et sur l'efficacité des politiques publiques mises en œuvre pour lutter contre la désertification médicale en milieux rural et urbain

Albert Lautman, directeur général de la Mutualité française :

C'est l'éternel problème de l'oeuf et de la poule… Pour avoir des professionnels, il faut aller les chercher. Voyez ce que nous avons fait à Laval, où il n'y a plus de médecins traitants : non seulement ceux qui sont là ne prennent plus de nouveaux patients parce qu'ils sont débordés, mais dans les trois ou quatre ans à venir, une trentaine d'entre eux partira à la retraite. Les élus se sont demandés que faire, des réunions ont eu lieu avec le Conseil de l'Ordre et avec les syndicats libéraux – lesquels disent qu'ils ne veulent pas d'un centre de santé de la Mutualité, parce que cela leur ferait concurrence. On voit bien que, bien qu'il faille huit mois pour avoir un rendez-vous avec un ophtalmologue, ces spécialistes ne veulent pas spontanément que nous organisions des transferts de tâches pour que la correction de la vue soit faite par d'autres professionnels de santé. Il y a toujours des réflexes légitimes de crainte du changement, des questions de responsabilités… J'entends ces craintes, mais il faut du volontarisme pour que l'on avance.

À Laval, nous avons voulu innover en travaillant avec les libéraux et avec l'hôpital, et il a finalement été décidé de faire un essai. Des médecins retraités vont faire du tutorat et encadrer les stagiaires, l'université joue le jeu en nous envoyant des internes et nous tenterons de convaincre ces jeunes de rester. Notre objectif premier est de donner envie à des jeunes gens qui sont de la région mais qui n'en auraient pas eu spontanément l'idée de revenir exercer là au terme de leurs études de médecine. Tous ne resteront pas, mais si nous réussissons chaque année à en garder un ou deux, ce dispositif transitoire aura à terme rempli son but. Peut-être cela ne fonctionne-t-il pas en zone rurale, mais nous pensons qu'adosser une maison de santé à un établissement médico-social permettrait de trouver des solutions à moindres frais puisque l'infrastructure immobilière existe déjà.

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