L'article 8 bis a pour but de créer une nouvelle classe de troisième de préparation au monde professionnel à destination des collégiens intéressés par l'apprentissage. L'idée peut paraître séduisante, mais ses modalités de mise en oeuvre me posent problème : il est proposé, une nouvelle fois, de passer par décret sans avoir nullement détaillé en quoi consiste cette nouvelle classe de « prépa-métiers ».
De fait, vos explications restent un peu floues – mais j'espère que vous pourrez nous éclairer ce soir. À vous croire, je cite, « le but est d'ouvrir le champ des possibles pour les élèves de troisième. Leur dire : "Voilà ce que la voie professionnelle peut t'offrir" et ne pas les cantonner à la découverte d'un seul corps de métier comme c'était le cas jusqu'à maintenant. » J'applaudis des deux mains mais, concrètement, comment fait-on ?
Au lieu de proposer à l'ensemble des collégiens la découverte des différents métiers, cette nouvelle classe de « prépa-métiers » risque de créer un nouveau niveau de troisième qui pourrait, encore une fois, créer involontairement un cursus à deux vitesses entre les élèves capables de suivre le parcours normal et les autres.
L'idée n'est pas mauvaise en elle-même, à condition que les efforts d'information sur la découverte des différents métiers s'adressent à tous, et que chaque élève puisse savoir en quoi consiste le métier de boucher, de coiffeur ou de chaudronnier – liste non exhaustive, bien évidemment.
J'étais le week-end dernier à Béziers, au salon Métamorphose, dédié au monde de la coiffure. L'organisateur, que je veux saluer ici pour sa belle réussite – il réunit régulièrement les plus grands noms de la coiffure à l'international – me faisait part de son découragement, ou presque – « presque », car il n'est pas homme à se décourager – , face aux clichés qui entourent encore le monde de la coiffure par manque d'information au niveau scolaire. Bien trop souvent, on dirige vers ce métier des jeunes qui n'en manifestent pas forcément l'envie, et « faute d'autre choix ». Il déplorait également le contenu de la formation, complètement décalée avec les réalités du métier aujourd'hui – mais c'est un autre problème. Bref, il insistait avant tout sur l'orientation, laquelle a pour conséquence directe que la moitié des élèves qui suivent une formation de coiffure sont, je le cite, « sur une voie de garage ».
La nouvelle classe de « prépa-métiers » n'est pas une mauvaise idée en elle-même, à condition qu'elle offre réellement de nouvelles perspectives aux élèves. Et peut-être qu'ici, les centres d'information et d'orientation – les fameux « CIO » – , que le ministre de l'éducation nationale semble vouloir supprimer – qu'en est-il d'ailleurs exactement, madame la ministre ? – , auraient un véritable rôle à jouer. J'aurai l'occasion d'y revenir à l'article 10.