Monsieur le ministre, vous faites quelques procès à ceux qui se sont exprimés de mon côté de l'hémicycle dans lesquels je ne me reconnais pas. Je ne parle pas de cette rhétorique fatigante qui tend à faire accroire que ceux qui s'opposent à votre projet sont forcément pour le statu quo : je balaie tout cela d'un revers de la main, cela ne mérite pas qu'on s'étende davantage.
Vous nous accusez donc de susciter des inquiétudes. Mais ces inquiétudes n'ont pas eu besoin de nous pour exister ! Des gens sont venus nous trouver pour nous en faire part. Nous avons accueilli ces inquiétudes, nous avons lu ce projet de loi, nous nous sommes fait notre propre opinion, et c'est pourquoi nous vous interpellons. Notre objet n'est pas d'agiter des peurs mais d'obtenir des réponses.
Vous nous en avez fourni un certain nombre, dont nous contestons pour partie les attendus, mais c'est ainsi que la question se pose : mon objet n'est pas d'agiter des peurs mais de faire part de ma conviction, comme vous avez fait part de la vôtre, et je pense qu'on doit le respecter.
Ensuite, vous avez terminé sur la question du diagnostic, monsieur le ministre. Il faudrait s'entendre sur ce diagnostic. À mon avis il devrait être posé avec les professionnels de l'orientation eux-mêmes. Il y a sans doute une démarche à engager pour regarder ce qui ne va pas et pourquoi cela ne va pas. Ce travail a-t-il été fait ? Je suis intéressé par tout élément que vous auriez à nous apporter en la matière.
Je ne vois toujours pas quel intérêt il y aurait à scinder ainsi l'ONISEP. En quoi sera-t-il plus efficace ? Pour l'instant je n'ai pas entendu de réponse à cette question, si ce n'est qu'on peut supposer – mais vous me démentirez peut-être – qu'il s'agit de donner un lot de consolation aux régions, qui souhaitaient conserver la responsabilité de la formation et de l'apprentissage. Nous sommes face à une démarche contradictoire : d'un côté un étatisme libéral, et de l'autre une décentralisation de cette fonction d'orientation qui est pour nous, comme pour vous sans doute, décisive.
Nous pensons, nous, que l'éducation nationale doit garder le contrôle de l'orientation et que ce n'est pas aux régions de décider en la matière en fonction des intérêts économiques des territoires, ni aux entreprises, parce qu'il ne s'agit pas de mettre en adéquation une offre et une demande : il s'agit d'une question humaine – deux de mes prédécesseurs conseillers d'orientation avaient d'ailleurs étudié la biométrie humaine.
Je termine avec les CIO. Dans ma circonscription, je me suis laissé dire que des agents de Bercy seraient déjà venus jeter un oeil pour évaluer ce qu'on pourrait tirer des locaux. Je vous avoue que cela m'a surpris !
Il ne faut pas perdre de vue la logique de proximité. Si votre intention était de ne conserver qu'un CIO par département – vous n'avez pas précisé – cela ne correspondrait pas aux besoins d'orientation sur les territoires.
Bref, à cet instant t, la personne y que je suis ne retire pas un mot de ce qu'elle a dit précédemment.