Chacun sait que nous avons besoin de contrats courts ou d'intérim, notamment pour faire face à des surcroîts d'activité. Les interdire n'aurait absolument aucun sens.
Il y a quelques semaines, je visitais avec mon collègue Frédéric Barbier une très belle entreprise d'usinage. Le débat porte depuis maintenant plusieurs jours sur le fait que nous n'avons pas assez de compétences pour nourrir notre activité. Or ce chef d'entreprise nous a expliqué que depuis des années, il avait fait le pari de l'apprentissage : il a formé des maîtres d'apprentissage, il embauche des jeunes en apprentissage, forme des fraiseurs, des ajusteurs, des tourneurs, et les embauche en CDI à l'issue de l'alternance. Lorsque l'on visite son entreprise, on ne peut qu'être frappé par la jeunesse et l'enthousiasme que l'on rencontre.
Mais Frédéric Barbier et moi-même connaissons d'autres entreprises, qui embauchent 30 % à 40 % d'intérimaires alors qu'elles sont florissantes, que leur chiffre d'affaires croît et qu'elles dégagent des marges importantes.
Il y a donc deux logiques d'entreprise. Au nom de quoi la première contribuerait-elle à la même hauteur que l'autre, alors qu'elle génère beaucoup moins de dépenses sociales ? C'est un vrai sujet.
Le problème n'est pas d'interdire ou de ne pas interdire, mais d'encourager les comportements vertueux et de faire contribuer les entrepreneurs qui adoptent des comportements moins vertueux à la hauteur des dépenses sociales qu'ils génèrent.