Intervention de David Boilley

Réunion du jeudi 31 mai 2018 à 16h30
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

David Boilley, président de l'Association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest :

En temps normal, non, mais en cas d'incidents, oui. Si l'on remonte au début de la création de l'ACRO, après la catastrophe de Tchernobyl, la radioactivité est bien arrivée jusqu'en France. Des mesures ont été prises un peu partout. On a trouvé, certes, des pollutions liées à Tchernobyl, mais également des pollutions plus anciennes. Il en a été de même au Japon où l'on a retrouvé des pollutions anciennes, parfois inconnues. En Corée, le bitume d'une rue de Séoul était radioactif. On n'a jamais su pourquoi et on a changé le bitume.

En France, le phénomène a conduit l'ACRO à découvrir des pollutions anciennes, notamment une forte pollution dans le ruisseau Sainte-Hélène à La Hague. À l'époque, l'association n'était pas encore agréée. L'ancêtre de la CLI, qui avait fait un essai interlaboratoires, avait confirmé la pollution.

En 2001, dans les usines de La Hague, dès que nous avons appris l'accident, notre réseau de préleveurs volontaires était sur le terrain pour procéder à des prélèvements d'herbes tout autour ; nous avons découvert que les retombées sur l'herbe étaient plus élevées que la quantité rejetée annoncée à l'époque par la COGEMA alors que le ruthénium, un radio-élément, ne se trouve pas naturellement dans l'environnement.

À l'époque, nous avions participé aux travaux du groupe radioécologie Nord-Cotentin. Après avoir réalisé les calculs de dispersion, nous avions estimé que l'exploitant avait rejeté mille fois plus que ce qu'il avait annoncé, et cela à deux reprises au cours de l'année 2001. Les deux fois, il s'est trompé. Un groupe spécial a reconnu un problème de détection du ruthénium en sortie de cheminée et la caducité du système de détection, qu'il a fallu revoir. Personne d'autre ne s'était rendu compte de cet incident, ni l'ASN ni l'IRSN. C'est la surveillance citoyenne qui a permis de le détecter.

Nous avons récemment découvert une pollution au plutonium, rue des Landes, qui est habitée, toujours autour de l'usine de La Hague. Dès que nous en avons fait l'annonce, Areva, aujourd'hui Orano, a reconnu la pollution et a annoncé qu'elle s'engageait à dépolluer la zone immédiatement et elle a présenté un plan de dépollution. Il a fallu se battre et menacer de saisir la Commission d'accès aux documents administratifs (CADA) pour l'obtenir. L'ACRO l'a enfin reçu. Je sais que l'ASN a demandé à revoir certains points. C'est en cours de discussion, mais la pollution de la rue des Landes est un sujet qui nous tient à coeur.

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