L'ACRO est favorable pour limiter au mieux les rejets. Pour certains radio-éléments, il existe un verrou technologique. Par exemple, le krypton, qui est un gaz rare, pourrait être enfermé dans des bombonnes à La Hague, mais cela coûterait cher, sans compter que si un avion s'écrasait, le relâchement serait gigantesque. Je ne suis pas donc convaincu que ce soit la meilleure technologie. Le tritium est un isotope radioactif de l'hydrogène. Nous savons le détacher de la molécule, parce que nous vendons du tritium, mais le coût énergétique et financier d'une telle opération serait aberrant.
Pour certains radio-éléments, il existe donc un verrou technologique. Pour d'autres, nous disposons de la technologie, mais le choix politique retenu est de la rejeter. Je pense à l'iode 129 qui restera très longtemps dans l'environnement. La COGEMA, aujourd'hui Orano, a construit une usine au Japon où l'entreprise a installé des filtres à iode. L'usine du Japon n'a pas démarré, puisqu'elle enregistre vingt-quatre ans de retard. Il n'en reste pas moins que nous avons vendu la technologie des filtres à iode à ce pays.
L'iode est très mobile dans l'environnement. Dans le scénario de l'enfouissement, les calculs à long terme montrent que l'iode serait le premier élément pénalisant. C'est donc un choix politique de le rejeter dans la mer plutôt que de l'enfouir. Personnellement, je ne trouve pas ce choix pertinent, il me semble préférable que les éléments dangereux soient confinés plutôt que dispersés. Relevons que les normes de l'usine de Sellafield sur les rejets de carbone 14 sont plus strictes qu'en France.
Pour certains radio-éléments, je pense que des marges de progrès sont possibles ; pour d'autres, il existe des verrous technologiques. Bien sûr, ces progrès revêtent un coût mais, d'une certaine façon, ce n'est pas ce qui arrête ma réflexion.