Intervention de David Boilley

Réunion du jeudi 31 mai 2018 à 16h30
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

David Boilley, président de l'Association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest :

Le combustible MOx et plus complexe à gérer que le combustible classique dans la mesure où il est chaud beaucoup plus longtemps et impose d'être conservé en surface quatre-vingt-dix ans avant d'être enfoui, contre soixante ans pour le combustible classique. C'est pourquoi EDF prévoit de construire une piscine centralisée pour maintenir le MOx en surface pendant un siècle. Il est plus problématique en termes de gestion. Je ne crois pas à sa réutilisation future. Quand bien même une rupture technologique interviendrait-elle et permettrait de faire la surgénération, il serait plus simple d'avoir des combustibles classiques entreposés plutôt que du MOx. Retraiter aujourd'hui n'avance à rien pour le futur.

Si jamais je me trompais sur l'avenir, que nous connaissions une rupture technologique et que nous ayons gardé les combustibles classiques, nous pourrions très bien engager à ce moment-là leur retraitement.

S'agissant de l'uranium de retraitement, en 2010, à l'époque où le Haut Comité a publié son rapport, 300 tonnes d'uranium étaient envoyées chaque année en Sibérie. Il en revenait 37 tonnes ; le reste, l'uranium de retraitement appauvri, demeurait en Russie. Nous envoyions l'uranium en Russie parce que nous ne pouvions retraiter l'uranium en France. L'usine d'enrichissement a changé et aujourd'hui l'exploitant de l'usine Georges-Besse II prétend qu'il peut réenrichir l'uranium de retraitement. L'annonce est faite, mais je n'en sais pas davantage. De toute façon, il n'y aura qu'un cycle de retraitement. Si, par exemple, nous avons quatre réacteurs qui fonctionnent à l'uranium de retraitement, le combustible de Cruas ne pourra pas être retraité. Cela diminuera le retraitement à La Hague, et il n'y aura pas de retraitement ultérieur. Le principe est celui des vases communicants. Si nous gagnons un peu en économie d'uranium naturel, il y aura moins de MOx. À La Hague, le MOx est surtout utilisé par les réacteurs les plus anciens ; si on devait les arrêter, les débouchés disparaîtraient. Pour des raisons de prolifération, on ne peut accumuler le plutonium car il se dégrade au cours du temps. Si on remplaçait la centrale nucléaire de Fessenheim par l'EPR, les réacteurs qui consomment du MOx ne fonctionneraient plus, remplacés par l'EPR qui n'en consomme pas. Il faudra donc réduire le retraitement.

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