Dans le dernier budget, si l'on s'en tient à la fiscalité des personnes physiques, le coût annoncé des cadeaux aux riches, 4,7 milliards d'euros, semble nettement sous-évalué. En réalité, il devrait dépasser les 10 milliards d'euros ! Cette politique budgétaire et fiscale creusera les inégalités, sans aucune espèce de garantie de succès pour relancer l'investissement et l'emploi. Au contraire, on peut prévoir qu'il y aura davantage d'effets d'aubaine que de résultats réels pour les particuliers comme pour les grandes entreprises.
Pendant ce temps, on enlève les aides personnalisées au logement – APL – aux plus modestes pour 400 millions d'euros, montant que l'on redonnera aux 1 000 contribuables payant le plus d'impôt sur la fortune – ISF. Beau symbole de l'inscription des aspirations populaires au sein des débats budgétaires !
Surtout que nous parlons d'une toute petite partie de la population française : la suppression de l'ISF profitera avant tout aux 0,1 % et surtout aux 0,01 % des foyers les plus riches. La France compte 3 400 foyers dont le patrimoine va de 15 millions à 49 milliards d'euros.
Et que l'on n'essaie pas de nous faire croire que cela créera de l'investissement et de l'emploi ! Loin d'être dynamique, le capitalisme français a prélevé au cours de la période récente une part croissante des profits pour rémunérer la rente financière, au détriment de l'investissement et des salaires. Les aspirations populaires – vivre dignement du fruit de son travail – sont bien plus aisées à satisfaire que la cupidité insatiable des ultra-riches.
Nous attendons toujours le million d'emplois qu'avaient promis François Hollande et Pierre Gattaz avec l'argent du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi – CICE. Au total, 62 milliards d'euros ont été gaspillés depuis sa création : 11,59 milliards en 2013 ; 17,5 en 2014 et 17,9 en 2015, pour un nombre d'emplois créés ridicule.
Selon un rapport de France Stratégie, le CICE a probablement eu un effet direct de l'ordre de 50 000 à 100 000 emplois créés ou sauvegardés sur la période 2013-2014. Même en tablant sur le chiffre optimiste de 200 000 emplois créés ou sauvegardés entre 2013 et 2015, le prix de l'emploi sauvé à l'unité s'élève à 235 000 euros – c'est délirant ! À titre de comparaison, un SMIC coûte, en salaire super-brut, c'est-à-dire en incluant l'ensemble des cotisations sociales, 25 000 euros par an, donc à peu près dix fois moins ! Il aurait été plus simple et plus efficace que l'État embauche directement. Pour le même prix, d'innombrables emplois auraient été créés et de façon certaine. Résultat : la France est surtout riche en millionnaires et en pauvres !
Pour mettre le peuple et ses aspirations au coeur des débats budgétaires, il faut faire la révolution fiscale. La France insoumise a déjà fait de nombreuses propositions chiffrées et raisonnables en la matière. Il faut entièrement refonder l'imposition : rendons l'impôt sur le revenu plus progressif avec un barème comptant quatorze tranches contre cinq aujourd'hui – tout le monde doit payer et chacun selon ses moyens réels ; instaurons 100 % d'impôt sur la tranche supérieure à vingt fois le revenu médian – cela concernerait ceux qui gagnent plus de 400 000 euros par an et cela leur laisserait j quand même une belle marge !