Je crois qu'il faut une plus grande proximité avec tous ces acteurs. Quand nous intervenons après un diagnostic, nous percevons parfois un décalage avec le possible : le diagnostic a pu faire émerger deux ou trois idées d'actions, mais elles peuvent être compliquées à mettre en oeuvre au plan technique. Il arrive que l'on doive « détricoter » un peu en disant que ce n'est pas possible, que cela va coûter des fortunes ou aboutir à un mouton à cinq pattes.
Je suis allé au salon Préventica, qui porte sur la sécurité au travail : des médecins du travail et des CARSAT nous disent que nous travaillons très bien mais qu'ils ne peuvent pas conseiller à une entreprise de s'adresser à la société Ingenitec de Montbrison. Ils n'ont pas le droit de conseiller une société commerciale plutôt qu'une autre, et c'est dommage car cela peut créer des ruptures dans la démarche de l'entreprise. Quand un problème apparaît – accident du travail ou maladie professionnelle –, tout le système se met en place, avec l'ergonome, sous contrainte car il faut trouver une solution. Certaines entreprises consultent une CARSAT, par exemple, parce qu'elles veulent un diagnostic et un avis, mais la CARSAT, qui est un organisme public, n'a pas le droit de conseiller d'aller voir untel ou untel.
Il faut pourtant faire quelque chose. Cela doit-il prendre la forme de réunions avec les 15 ou 20 CARSAT qui existent en France ? Faut-il plutôt créer un label pour les entreprises comme la mienne, en demandant par exemple qu'elles aient du matériel spécifique ou un bureau d'études en France ? Cela peut être intéressant : les CARSAT ou la médecine du travail renverraient alors à une liste d'entreprises. Ce serait un peu comme le label qui existe dans le bâtiment, quand on veut faire des travaux d'isolation : il y a des entreprises qui sont habilitées à le faire, par exemple parce qu'elles ont eu des formations. On peut certainement envisager une passerelle permettant de dynamiser le fonctionnement du dispositif.