Le premier désert auquel nous devons nous attaquer en kinésithérapie, c'est l'hôpital. Le problème est prégnant. Il s'explique, d'une part, par des salaires extrêmement bas : 1 350 euros nets par mois en début de carrière à l'hôpital public, et ce après cinq années d'études, c'est indécent, il n'y a pas d'autre mot. La deuxième raison est l'absence totale d'attractivité et d'évolution possible à l'hôpital public. Nous pourrons parler aussi de la répartition des kinésithérapeutes et d'un autre sujet essentiel, celui de l'accès direct.
Il ne vous a pas échappé que nous sommes une profession prescrite, du moins en thérapeutique. Nous ne pouvons agir que sur prescription médicale. Or une régulation vient d'être signée par un syndicat, qui va nous imposer bientôt de nous installer dans les zones sous-dotées en conventionnement sélectif. Il nous semble tout à fait incohérent d'envoyer des kinésithérapeutes dans des zones où il n'y aura pas de médecins prescripteurs. C'est une véritable difficulté puisque, dans les zones sous-dotées, il est déjà difficile d'obtenir des prescriptions médicales, les médecins qui restent étant débordés.
L'une de nos demandes, qui rejoint les dispositions de la plupart des pays développés, est l'accès direct au kinésithérapeute. La majeure partie des pays l'a déjà mis en oeuvre. C'est une évidence pour une profession qui a cinq années de formation et qui a fait la preuve de sa capacité d'autonomie. Dans les faits, l'accès direct existe déjà dans le cas de l'urgence, comme le prévoit la loi. À ma connaissance, il n'y aura pas de danger pour la santé publique, dans la mesure où d'autres professions, qui ont une formation de bien moindre qualité, non universitaire, ont l'accès direct sans que cela pose problème, en tout cas ni au Gouvernement ni à la représentation nationale – je pense par exemple aux chiropraticiens et aux ostéopathes.