Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames et messieurs les députés, mon intervention s'appuiera sur la contribution qui vous a été transmise en amont de cette audition. Dans un premier temps, je vous rappellerai ce qu'est la profession de pédicure-podologue, profession atypique et souvent méconnue, mais dont l'activité et les compétences apportent une plus-value indéniable au parcours de soins et à la prise en charge du patient.
Le pédicure-podologue est un professionnel de santé. Je partage les propos de Mme Mathieu sur les termes d'« auxiliaire médical » ou « paramédical ». Nous sommes réellement des « professionnels de santé ». Ces termes devraient entrer dans la littérature commune. Le pédicure-podologue est un professionnel qui bénéficie de la libre réception du patient, qui a un droit à la prescription et qui, depuis la loi du 26 janvier 2016, de modernisation de notre système de santé, a la compétence de diagnostic. Dans les faits, c'est une profession médicale à compétence définie, car elle bénéficie de l'accès direct. En effet, la majeure partie des patients consulte en première intention chez le pédicure-podologue.
Environ 13 200 podologues sont aujourd'hui présents sur le territoire. Il n'existe pas de désert podologique. En outre, 98 % de ces pédicures-podologues exercent une activité libérale exclusive. L'accès aux soins est donc satisfaisant. Cependant, cet accès a un revers – c'est l'un des premiers points que nous avons évoqués dans la contribution. En effet, il existe une inégalité économique, puisque nos actes sont très peu ou pas du tout pris en charge, ce qui fait que le reste à charge pour les patients est très important.
Un deuxième axe de réflexion – nous y reviendrons au moment des questions – concerne la pertinence des soins, qui est forcément corrélée à l'exercice pluridisciplinaire. Les exemples sont criants. Nous avons un droit de prescription pour les orthèses plantaires, droit inscrit dans nos compétences par le code de la santé publique, mais qui n'est pas retranscrit dans le code de la sécurité sociale. Le patient vient donc nous consulter en première intention pour réaliser des orthèses plantaires, alors qu'une prescription est nécessaire pour la prise en charge. Notre prescription n'est pas valable au regard de la sécurité sociale, le patient doit donc repasser chez le médecin généraliste. Ainsi, nous multiplions les consultations pour une même pathologie. Nous pourrions faire gagner du temps médical au médecin prescripteur. Je pourrais vous citer d'autres exemples similaires dans notre pratique quotidienne.
Notre troisième axe de réflexion porte sur la prévention. La politique de prévention en France a souvent été mise de côté. Aujourd'hui, nous revenons à une vraie politique de prévention, mais notre système de santé marche parfois un peu sur la tête. Nous pourrons aussi évoquer la convention de prise en charge, signée entre notre profession et l'Union nationale des caisses d'assurance maladie (UNCAM), sur la prise en charge des pieds des patients diabétiques, convention de prévention qui n'en est pas vraiment une.
Je terminerai mon propos liminaire en insistant sur la formation. Celle-ci a été réformée en 2012. Aujourd'hui, elle doit véritablement passer par l'universitarisation. Une L1 commune permettra à l'ensemble des professions de santé d'avoir une véritable culture pluridisciplinaire, dès la formation initiale. Cela permettra également de développer des connaissances partagées, les compétences et les activités de chacun des acteurs de santé et, ainsi, de favoriser le développement des structures pluridisciplinaires.