Je ne reviendrai pas longuement sur les maisons de santé. Néanmoins, rappelons que nous nous adressons, dans les maisons de santé, à des professionnels de santé. Il est bien qu'il y ait des murs. Avec des murs, il est possible de faire venir des gens. Mais qu'en est-il du financement et de la répartition des charges ? Voilà peut-être une piste pour faire en sorte que des professionnels viennent habiter ces maisons de santé. La représentation nationale devrait peut-être mieux encadrer les choses et promouvoir une meilleure répartition des coûts, au-delà des simples frais de fonctionnement.
La baisse de 30 % du nombre de candidats au concours d'entrée est une vraie surprise. Plusieurs facteurs jouent, dont le premier est l'attractivité de la profession. La profession connaît un vrai malaise. Nous avons fait face à une augmentation des suicides. Le salaire d'un infirmier est de 1 350 euros par mois la première année, après trois ans d'études, avec la responsabilité de trente patients, des horaires de travail pénibles – il n'est plus à démontrer que la journée de 12 heures est néfaste. Même si c'est une bonne chose, nous sommes astreints au travail de nuit et à l'obligation de continuité du service public ; mais tout cela pour 1 350 euros par mois… Il faut remettre les choses en perspective. Je sais que les ordres n'ont pas à aborder ces sujets et que c'est à la représentation syndicale de le faire. Cependant, vous me demandez d'être clair ; je pense que c'est un point que l'on ne peut occulter dans ce débat.
Nous avons parlé d'universitarisation. D'autres pays d'Europe forment sans concours d'entrée, comme la Roumanie ou la Belgique. Des professionnels infirmiers vont ailleurs, où il n'y a pas de sélection. De plus, une rumeur a couru cette année, du fait que les études d'infirmier sont, en France, en pleine phase d'universitarisation : ainsi, il aurait fallu attendre l'année prochaine, parce qu'il n'y aurait pas de concours et qu'il serait possible d'entrer de plein droit dans les formations. Mais nous allons passer par Parcoursup, ce qui ne sera pas forcément mieux.
Je souhaite attirer votre attention sur un autre problème, dont je ne sais comment il peut être résolu. Être infirmier – c'est mon expérience de vie – est un facteur d'élévation et d'intégration sociale. C'est ce qui permettait la promotion sociale au sein de l'hôpital. Avec l'universitarisation, cela va devenir beaucoup plus compliqué, parce que les crédits de formation ne sont pas à la hauteur pour financer des jeunes pendant trois, voire quatre ans à l'université. L'universitarisation bloque aussi ceux qui ne sont pas titulaires du baccalauréat. C'est aussi un point de blocage pour les aides-soignants qui voudraient bénéficier de cette formation professionnelle en continu, tout au long de la vie. Ce sera sûrement une difficulté, alors que nous savons très bien que les jeunes qui sont aide-soignant veulent évoluer au sein de l'hôpital et dans leur carrière professionnelle.