La démographie est en effet un sujet très délicat car il touche à la culture de ces pays. Il est pourtant inévitable. On observe une grande différence entre les milieux rural et urbain. Dans les campagnes, la polygamie est généralisée ; les enfants sont une richesse, et certaines enquêtes révèlent qu'au Niger, les hommes veulent onze enfants en moyenne, quand les femmes en veulent sept. La moyenne s'établit à 7,6. Les dirigeants des pays du Sahel sont conscients du fossé qui se crée entre l'accroissement exponentiel de la population et l'accroissement de la richesse, qui ne peut être qu'arithmétique. Nous avons abordé cette question avec le Président Issoufou, qui l'a d'ailleurs introduite dans son programme, avec toute la subtilité qui s'impose. Nous continuerons à agir en ce sens, mais nous devons le faire avec beaucoup de tact.
Concernant l'agriculture, je ne dirais pas qu'il existe une contradiction avec la politique commerciale de l'Union, mais plutôt une tension, que l'on observe aussi, du reste, au sein de l'Union européenne. Par ailleurs, j'attire votre attention sur le fait que la France, l'Allemagne, la Banque mondiale, le PNUD et la Banque africaine de développement travaillent conjointement au sein de l'Alliance pour le Sahel. Des grands projets sont lancés, mais notre capacité d'action sera limitée sans le soutien du secteur privé. Cela nous ramène au problème sécuritaire. Le secteur privé est indispensable pour qu'émerge une classe moyenne, à même de créer de la richesse et d'apporter de la stabilité. En tout état de cause, il est certain que nous devons miser sur le potentiel agricole de la région.