Je suis certain, Monsieur le secrétaire d'État, que le temps que vous consacrez ici à l'Europe vous portera chance lors du scrutin ; c'est en tout cas tout le mal que les membres de nos deux commissions vous souhaitent.
Comme vous, je constate que la politique migratoire de l'Union européenne est dans une impasse. Elle suscite de vives critiques de la société civile, des observateurs et même des acteurs de terrain et est à l'origine de vives tensions entre États membres de l'Union. La tentative de répartition des migrants selon des quotas par pays s'est révélée inefficace. Alors que certains pays refusent d'accueillir leur quota de migrants, d'autres, comme le vôtre, Monsieur le secrétaire d'État, sont débordés par des arrivées massives et difficilement gérables. La situation est parfois tendue même, entre les populations locales et les migrants, comme l'illustre l'odieuse attaque perpétrée dans le centre-ville de Macerata contre des réfugiés. Les divergences de vues et de politiques entre États européens entraînent des tensions communautaires de plus en plus vives et trouvent leur illustration dans les déclarations politiques de très nombreux dirigeants.
Face à ces divisions et au blocage actuel, nous avons besoin d'une réponse européenne. Vous l'avez dit : c'est à l'échelle européenne qu'il faut repenser cette politique. Il faut une réponse plus homogène, a fresh new start, comme vous l'avez dit tout à l'heure. Le président français lui-même a d'ailleurs déclaré qu'il souhaiterait que l'ensemble du système fût réexaminé, dans le sens d'une plus grande convergence entre États européens, d'une plus grande solidarité avec les États de premier accueil et d'une répartition plus équitable des migrants.
Le sommet de Rome, qui réunissait le mois dernier les pays méditerranéens, ouvre la voie à de nouvelles pistes de réflexion et d'action. La réforme en cours du règlement de Dublin, que la France appelle de ses voeux, pourrait apporter un peu de ce nouveau souffle mais elle risque de se faire a minima. De nombreux pays « bloquent », comme ceux du groupe de Visegrád ou l'Autriche. Alors, Monsieur le secrétaire d'État, quelles politiques mener en Europe, au-delà de cette réforme de Dublin et des efforts de gestion de nos frontières extérieures ?