Monsieur le secrétaire d'État, j'ai au moins trois raisons d'être heureux de pouvoir vous interroger aujourd'hui : je suis tout d'abord un Européen convaincu ; je suis ensuite député des Français d'Italie, soit près de 80 000 Français qui vivent sur place ; je suis enfin le petit-fils d'Enrichetta Habib, née à Venise, membre de la vieille communauté juive de cette cité.
Avec votre Français parfait, vous incarnez bien la génération Erasmus et une amitié qui va au-delà même de la fraternité entre nos deux pays.
Face à une Europe désunie, l'Italie s'est retrouvé finalement bien seule pour gérer des flux humains incontrôlables dans des conditions humanitaires dramatiques. On parle de près de 650 000 migrants depuis 2014. Évidemment, l'opinion publique italienne est, comme la nôtre, déchirée entre l'idéal de fraternité humaine, et l'impossibilité pratique d'absorber autant de migrants.
Cette tension est apparue au grand jour de manière particulièrement dramatique, la semaine dernière, lorsque l'on a retrouvé le corps d'une jeune fille dans une valise dans la province de Macerata puis qu'un militant d'extrême droite a ouvert le feu, dans cette ville, sur des migrants d'origine africaine.
Vous l'avez dit : la question migratoire sera au coeur du débat et au coeur des élections italiennes avec les questions économiques. Pour ces élections, évidemment, comme tous mes collègues, je vous souhaite bonne chance.
J'étais encore tout récemment à Vintimille où j'ai rencontré le maire de la ville, Enrico Ioculano, et le consul de France, Roger Brochiero. Sur place, la coopération fonctionne globalement. La situation n'est pas celle de la frontière franco-anglaise, mais des questions demeurent : où vont tous ces migrants ? Restent-ils en Italie ? Repartent-ils dans leur pays ? Passent-ils en Slovénie ?