Enfin, nous travaillons sur l'exemplarité de l'État. Celui-ci a encore des progrès à faire – c'est un euphémisme. Avec le ministre de l'Action et des comptes publics, Gérard Darmanin, nous nous intéressons notamment au conditionnement du financement public au respect de l'égalité professionnelle, et à la mise en oeuvre d'un budget sensible au genre, ou gender budgeting. Les collectivités ont des obligations en ce sens. Il s'agit, par un calcul très précis, de déterminer si l'argent utilisé finance les femmes ou les hommes. Par exemple, si on fait un gender budgeting des subventions municipales aux associations sportives, on s'aperçoit la plupart du temps que les municipalités financent d'abord des clubs de foot, des clubs de boxe, des terrains de basket qui vont être occupés exclusivement par des hommes et où peu de femmes se risqueront, ou des skate parks qui seront majoritairement utilisés par des hommes. La finalité du budget sensible au genre est de connaître la façon dont l'argent est réparti. Pour la première fois, un budget sensible au genre sera établi au niveau de l'État. C'est le ministère de l'agriculture qui mènera une expérience pilote en la matière. Je tiens à en remercier mon collègue, ministre de l'agriculture.
Je vous le disais, notre objectif est d'adapter nos politiques publiques aux spécificités de chaque département, région, ville et village. Voilà pourquoi nous lancerons à l'automne, avec le Président de la République, un « Tour de France de l'égalité entre les femmes et les hommes », sur le thème du travail et de l'égalité professionnelle, et de la conciliation vie professionnelle-vie familiale. À terme, il y aura dix-huit ambassadrices dans les régions métropolitaines et d'outre-mer. De fait, la place des femmes dans l'outre-mer mobilise tout particulièrement ma collègue ministre des Outre-mer, Annick Girardin, avec laquelle nous lançons des actions.
Il s'agit de faire remonter, un peu comme un cahier de doléances ou comme un Livre blanc, l'état des lieux du travail des femmes partout en France, dans tous les domaines, en partant du principe que ce n'est pas la même chose de travailler dans le septième arrondissement de Paris, à Marigné-Laillé dans la Sarthe, en Corse, à Mayotte, dans la Creuse…
Comme je le disais toute à l'heure, les situations sont hétérogènes, le tissu social aussi. Par exemple, certaines régions sont en pointe s'agissant de la mixité dans le numérique, d'autres n'ont pas encore de couverture 4G ou de fibre optique. Nous devons donc avoir une connaissance très fine et très précise de la situation selon les territoires, pour pouvoir apporter des améliorations et garantir l'égalité, totale, absolue, parfaite et non négociable entre les femmes et les hommes, partout en France, dans chaque ville, dans chaque rue, dans chaque espace.
La France a été le berceau du féminisme philosophique et c'est une source de fierté nationale, mais je pense qu'il est temps, au XXIe siècle, de passer à l'action et de faire en sorte que la France s'affirme comme l'un des leaders mondiaux de l'égalité entre les femmes et les hommes. C'est possible, mais cela dépendra de l'implication de toutes et de tous, de notre capacité à être vigilantes et vigilants, de notre capacité à ne rien lâcher jamais, de notre capacité à travailler de façon concertée, en réseau, pour être plus efficaces. À cet égard, j'ai pleinement confiance en l'ensemble de votre délégation, en vous, mesdames et messieurs les parlementaires, et plus particulièrement en vous, madame la présidente. (Applaudissements.)