Intervention de Sandro Gozi

Réunion du mardi 6 février 2018 à 17h30
Commission des affaires étrangères

Sandro Gozi, secrétaire d'État auprès du président du Conseil des ministres de la République italienne, chargé des affaires européennes :

Nos deux gouvernements, Madame la présidente, ont retenu l'idée d'« une trentaine », précisément pour qu'il y ait plus de vingt-sept noms.

J'espère que le Parlement européen ira dans notre sens demain ; ensuite, la question sera débattue au Conseil européen. Ce sera compliqué, ne nous voilons pas la face. Nos amis du groupe de Visegrád nous ont déjà signalé, dans un document qui dit « non » à tout, qu'ils disent « non » aux listes transnationales. Cette façon d'aborder les négociations européennes m'inspire quelque réserve… Cela étant, si le Parlement européen rejette demain l'idée de listes transnationales, il sera compliqué de l'envisager pour 2019 – nous verrons pour l'avenir. Actuellement, le groupe du Parti populaire européen y est hostile, mais certaines délégations nationales sont favorables.

Au Conseil européen, certains pays veulent seulement réduire le nombre de sièges, puisque le nombre d'États membres de l'Union sera réduit. D'autres pays voudraient qu'une partie des sièges libérés soit redistribuée afin de corriger le système de la proportionnalité dégressive. Un troisième groupe, auquel la France et l'Italie appartiennent, voudrait que l'on saisisse cette occasion historique pour créer des listes transnationales. Nous devons travailler à un compromis qui respecte ces trois exigences. C'est dans cet esprit que nous aborderons le débat au Conseil européen, si le Parlement européen ne rejette pas l'idée.

En matière de politique industrielle européenne, ou franco-italienne, le sommet de Lyon nous a permis d'éviter de possibles malentendus. Je crois satisfaisante la solution trouvée pour Saint-Nazaire. Il eût été parfaitement contradictoire, tant de votre part que de la nôtre, de renoncer à un projet industriel franco-italien à l'heure où nous parlons d'Europe de l'industrie et d'Europe de la défense ; ce projet s'inscrit dans la volonté de créer des champions industriels européens, notamment un champion de la défense navale. Si nous voulons une Europe de la défense et une politique industrielle européenne, nous devons développer un champion industriel européen. Et il vaut mieux travailler à l'avènement d'un champion franco-italien qu'à celui d'un champion franco-coréen. Cela me semble tomber sous le sens, et nous sommes satisfaits de la solution trouvée. Des réunions se sont tenues à Paris même, avec des représentants des deux groupes industriels, et je crois que nous avançons. Continuons donc. De même, nous devons continuer à oeuvrer pour le Lyon-Turin.

Pourquoi l'Italie est-elle la deuxième puissance industrielle en Europe à après l'Allemagne ? Grâce à son tissu formidable – en termes de créativité, de solidarité, d'échanges – de petites et moyennes entreprises, notamment dans certaines régions, avec un usage des brevets qui a progressé et permet de protéger les idées.

Pour relever le défi – commun – du numérique, France et Italie parlent le même langage. Il faut accélérer la création d'une Europe numérique. Qu'elle ait lieu le plus tôt possible !

S'il y a un bien public qu'il faut conserver dans le prochain budget européen, c'est la libre circulation que permet Erasmus. Nous sommes prêts à multiplier par dix les ressources qui lui sont allouées. Je parle là du nouvel Erasmus, Erasmus+, qui est ouvert non pas seulement aux étudiants mais aussi aux apprentis ou aux jeunes en service volontaire européen. Nous sommes tout à fait favorables à un Erasmus des apprentis. Travaillons donc à éliminer les obstacles. Ce doit être un formidable instrument d'inclusion sociale et de citoyenneté européenne. Faisons sortir Erasmus des universités pour l'ouvrir au plus grand nombre. La citoyenneté européenne vécue dans le cadre d'Erasmus offre le meilleur antidote au populisme, à l'extrémisme, à la haine de l'autre.

D'une façon générale, nous sommes favorables à un accroissement de l'investissement en faveur de l'éducation et de l'aide sociale. Un groupe de travail a été mis en place par la Commission Prodi, auquel la Caisse des dépôts et consignations française et son équivalent italien ont participé, et un plan d'investissement social a été présenté le 23 janvier dernier, qui se fonde sur un système de garanties et de ressources nouvelles des différentes agences de développement. Il prévoit la possibilité de mobiliser 150 milliards d'euros par an pour des projets sociaux, entre politiques nationales et politique européenne. Nous soutenons cette proposition, qui va dans le bon sens.

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