La démonstration a été faite tout au long de vos auditions que l'interaction est permanente entre sûreté et sécurité, et qu'on ne peut envisager l'une sans l'autre. Cela n'a fait que renforcer l'idée, que nous défendons depuis toujours, de confier en effet à l'ASN des compétences en matière de sécurité. Cette double tutelle permettrait une action cohérente, sachant que des actes de malveillance peuvent avoir des conséquences directes sur la sûreté ; cela empêcherait d'autre part que les deux questions, abordées séparément, aboutissent à des conflits de points de vue, comme cela peut arriver.
En ce qui concerne les moyens, il est clair qu'il faut écouter les demandes de l'ASN ou de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), qui ont devant eux un travail considérable à accomplir avec la prochaine échéance de la VD4 – la quatrième visite décennale –, la question de la prolongation ou non des réacteurs, à quoi il faut ajouter le suivi de l'EPR, qui est loin d'être terminé, mais aussi la maintenance des installations du cycle autres que les centrales.
Ce n'est évidemment pas à nous de vous dire quels sont les besoins en personnels de l'ASN pour s'acquitter de ces différentes tâches, mais j'insiste sur le fait qu'il est important d'écouter leurs revendications en termes de moyens financiers et de personnels.
J'en profite pour insister également sur les moyens des commissions locales d'information (CLI), afin qu'elles puissent remplir leur mission auprès de la société civile. C'est d'autant plus important que les périmètres de sécurité vont être étendus, que la population concernée va donc augmenter et que les moyens aujourd'hui ne sont clairement pas à la hauteur.
Vous avez beaucoup travaillé sur ces questions de sûreté et de sécurité. Or, si les questions de sûreté sont assez transparentes, tout ce qui touche à la sécurité reste difficilement appréhendable par la société civile, et nous nous heurtons en la matière à une véritable opacité. Certes, il y a là des intérêts industriels ou touchant à la défense qui sont en jeu, et il est légitime de vouloir les protéger, mais davantage de clarté sur ces questions nous paraît indispensable.