Vivant à côté de Flamanville, je discute forcément avec des travailleurs. Je le fais aussi avec ceux de La Hague. Ils nous alertent en permanence et passent quelquefois par nous pour transmettre des messages dans les CLI car ils ont peur de s'exposer. Il est en effet compliqué pour des sous-traitants de s'exposer à l'intérieur d'une entreprise. Les témoignages sont pléthore de sous-traitants qui me disent qu'ils ont pris leur dose cumulée pour l'année mais que, s'ils le disent et s'ils ne laissent pas leur dosimètre dehors, ils perdront leur travail. Le problème, c'est l'organisation actuelle – dont est responsable le premier niveau qui emploie les sous-traitants. On s'est retranché derrière le fait qu'on avait limité le nombre de niveaux et que cela allait résoudre le problème.
En réalité, si on choisit l'entreprise la moins-disante, les gens seront payés au lance-pierre et vivront dans de mauvaises conditions sociales si bien que l'ambiance même de travail s'en ressentira. La qualité de vie et les conditions de travail de la sous-traitance influent directement sur la qualité du travail fourni. Cela nous renvoie à la manière dont l'exploitant premier – EDF ou Orano – va contrôler ces entreprises de sorte que les résultats de leur activité ne soient pas déplorables. Le système global s'est progressivement dégradé et arrive à un niveau extrêmement critique. Qu'il s'agisse de la gestion du personnel ou de la qualité du travail accompli, on n'a jamais vu autant de malfaçons et de problèmes qu'aujourd'hui : ce n'est pas un hasard. Ce n'est pas forcément parce qu'il y a plus de transparence qu'on découvre tous ces problèmes mais aussi parce qu'ils sont de plus en plus nombreux. Il y a des quantités de choses qu'on savait faire et qu'on ne sait plus faire ou qu'on fait mal. Ce sont globalement des problèmes économiques et de gestion industrielle qui nous ont amenés à la situation d'aujourd'hui.