J'attends beaucoup des processus participatifs à venir. Je garde notamment en tête le très bel exercice de démocratie participative qu'avait été le débat sur la politique générale de gestion des déchets radioactifs en 2005. C'est la première fois que la Commission nationale du débat public (CNDP) pilotait un débat de politique générale et non pas un débat sur un projet. Seul énorme bémol de cet exercice : la loi avait été écrite avant le débat. Il y a donc eu une déconnexion totale entre démocratie participative et démocratie représentative. Je prends le fait que vous vous intéressiez déjà au débat à venir comme un signe que la connexion sera bien meilleure cette fois-ci. En tout cas, j'attends beaucoup du débat lui-même et du processus que va conduire la CNDP.
Nous sommes à un moment historique où, La Hague étant une installation vieillissante, la question se pose de savoir s'il faut y réinvestir ou s'il faut faire autre chose. Il y a ce projet d'entreposage centralisé du combustible mais la réutilisation ad vitam aeternam des matières valorisables accumulées n'est pas exactement une perspective réaliste. On est aussi confronté aux enjeux post-11 septembre et post-Fukushima, ce qui soulève la question de la bonne manière de gérer nos stocks de matières et de déchets. Tout cela fait qu'il est nécessaire de remettre complètement à plat la gestion du combustible et des déchets dans ce pays et d'élaborer une stratégie robuste à moyen-long terme. L'étude de l'IRSN sur l'entreposage à sec et l'entreposage sous eau me semble illustrer le type de contribution qu'on peut apporter à ce débat. J'ai évidemment le souhait que ce ne soit pas seulement l'IRSN qui fasse ce type d'études mais qu'on puisse construire des expertises plus partagées dans le cadre de processus pluralistes. Dans la phase de préparation de ce débat, il y a matière à construire des outils de compréhension des enjeux de cette nature. Nous pouvons avoir devant nous un beau moment de démocratie participative et d'intelligence collective. Cependant, ce débat ne sera évidemment utile que dans la perspective qu'il se traduise par des orientations claires – reconduction des orientations actuelles ou au contraire stratégie plus sûre à long terme de désengagement du retraitement et d'entreposage robuste.