Avec l'affaire du « Penelopegate », le boulevard de la moralité s'est ouvert. Dans un sens ou dans un autre, on saupoudre depuis un an les projets et propositions de loi des termes de « moralité » et de « confiance », comme pour nous dire qu'avec En Marche, l'intégrité de la politique sera restaurée. À dire vrai, c'est plutôt habile, car qui ne voudrait pas redorer un peu le blason de nos institutions ? Qui voudrait s'opposer, par exemple, au droit à l'erreur ? Qui peut ne pas souhaiter défaire l'empilement du millefeuille législatif, englué par trop de normes nationales ou européennes ? Qui peut dire qu'il préfère opposer aux Français des procédures administratives à n'en plus finir, plutôt que de les servir ? Naturellement, personne.
Mais, bien que tout cela soit très séduisant, il y a quelque chose qui coince dans votre façon de procéder car, comme le disait Henri-Frédéric Amiel, dès que la confiance n'est plus complète, elle n'est plus. Or, avec 57 % de mécontents, on ne peut pas dire que la cote de confiance envers la politique menée par Emmanuel Macron soit aujourd'hui au beau fixe. C'est peut-être parce que le président, son gouvernement et sa majorité oublient trop facilement ces paroles d'Émile de Girardin : « La confiance s'acquiert, elle ne se demande pas. Qui la mérite n'a pas besoin de la demander. »
Je vous propose donc de supprimer les mots « vers une société de confiance, » à l'alinéa 1 de l'annexe : si l'État veut inspirer confiance, il ne paraît pas opportun de l'inscrire dans la loi même.