Madame la ministre, pour la première fois de son histoire, Yana Dòkò, la sélection de football de la Guyane, s'est qualifiée pour participer à la quatorzième édition de la Gold Cup. Il s'agit de la principale compétition internationale organisée par Confédération de football d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes, à laquelle sont associés les Caraïbes, le Suriname, le Guyana et la Guyane française.
À l'instar de celles de Guadeloupe et de Martinique, la ligue de football de Guyane n'est pas reconnue par la FIFA. Nous sommes tous ultramarins, et portons un seul et unique maillot : celui de la Fédération française de football. Notre identité régionale est ainsi aspirée par une identité nationale, de sorte que pour évoluer, nos joueurs n'ont d'autre choix que de se présenter à la sélection nationale. Si nous sommes fiers des champions que nous produisons, nous sommes disqualifiés lorsque nous sommes désireux d'aligner nos meilleurs joueurs sous couleurs régionales dans le cadre de compétitions internationales. La disqualification injuste au lieu de la victoire : voilà ce que nous a valu d'avoir aligné Florent Malouda lors de la Gold Cup.
Le moyen soulevé pour justifier cette sanction n'est autre que le deuxième alinéa de l'article 15 du règlement d'application des statuts de la FIFA : « Tout joueur qui a déjà pris part, pour une association, à un match international (en tout ou partie) d'une compétition officielle de quelque catégorie que ce soit ou de toute discipline de football que ce soit ne peut plus être aligné en match international par un autre membre… »
Néanmoins, la Ligue de la Guyane n'est pas considérée comme un membre de la FIFA ; cet article ne saurait donc lui être applicable. Aussi, devant cette incertitude juridique aboutissant à des solutions divergentes, se pose une question essentielle : les outre-mer sont-elles condamnées au fatalisme de leur double identité, les conduisant à une inéluctable exclusion des compétitions internationales ?