Nous attendons d'ailleurs toujours celui de cette année – il a plus d'un mois de retard.
En réalité, l'opacité règne sur tout ce que fait l'exécutif lorsqu'il s'agit de défense. En Syrie, au Mali, au Yémen, que fait la France ? Les parlementaires sont tenus le plus loin possible de la vérité.
En Syrie, tout d'abord : au mois d'avril dernier, le Président de la République a décidé que la France participerait, avec les États-Unis d'Amérique et le Royaume-Uni, à des frappes communes contre le régime de Bachar El-Assad. Le jour suivant, un débat sans vote a été organisé. Je vous suggère de le réécouter : plusieurs mois après les faits, il est édifiant. Le Gouvernement et sa majorité faisaient alors des gorges chaudes de ce succès militaire prétendu.
Quelques jours plus tard, la presse révélait pourtant l'imposture : la contribution militaire française à ces frappes était somme toute négligeable, et le succès des armes tant vanté perdait beaucoup de son éclat. Sur les trois frégates mobilisées, les deux premières ont dû renoncer à lancer leurs missiles en raison d'une trop grande incertitude. Quant aux quelques Exocet provenant des airs, l'un d'eux a fait long feu, ce qui a obligé le pilote qui le transportait à le larguer désarmé en pleine Méditerranée. Le Gouvernement devrait s'expliquer devant la représentation nationale.
Par ailleurs, ces frappes devaient permettre d'ouvrir une solution diplomatique. Qu'en est-il ? Nous n'en voyons pas le début du commencement.
Au Mali, la situation se dégrade sérieusement. La presse s'en fait l'écho, quoique très discrètement. L'élection présidentielle aura lieu dans un mois, dans un contexte de très fortes tensions. Le résultat est quasiment connu d'avance. Là aussi, le Gouvernement met la poussière sous le tapis.
Le choix de ne pas procéder à une deuxième lecture du texte est bien entendu un moyen de ne pas rediscuter de la pertinence des OPEX ni surtout des perspectives du désengagement. Après plusieurs années dans la bande sahélo-saharienne, on nous refuse toujours un bilan sérieux de l'interventionnisme français. J'ai demandé la création d'une commission d'enquête pour obtenir ce bilan, mais je doute que la majorité inscrive cette demande à l'ordre du jour.