Intervention de Fabien Lainé

Séance en hémicycle du mercredi 27 juin 2018 à 15h00
Programmation militaire pour les années 2019 à 2025 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFabien Lainé :

Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le président de la commission et rapporteur, mes chers collègues, à l'aube de la mise en oeuvre de la loi de programmation militaire 2019-2025 que nous nous apprêtons à voter, je souhaitais vous associer, avec les membres du groupe MODEM et apparentés, à notre réflexion sur la philosophie de cette loi, pour répondre aux seules questions qui nous importent dans cette assemblée : quelle ambition et quelle méthode ?

Lors de nos campagnes, il y a un peu plus d'un an, nous évoquions un objectif de 2 % du PIB consacré à l'effort de défense à l'horizon 2025. À la manoeuvre, il fallait désormais décider et répondre à la question suivante : 2 %, c'est bien, mais pour quoi faire ? À l'évidence, nous nous étions engagés pour un « outil de défense complet, moderne, puissant, mis en oeuvre par des armées réactives et tournées vers l'avenir ». Mais c'est le processus qui nous mène aujourd'hui à l'examen définitif de ce projet de loi de programmation militaire – débattu, amendé, négocié – qui nous a permis d'affiner l'ambition d'un redressement budgétaire sécurisé et sincère.

Ce budget sécurisé, c'est plus de 7 milliards d'euros en moyenne de plus par an que sur la période 2014-2018. Sécurisé, il l'est par sa programmation et par l'ajout de clauses de sauvegarde budgétaires utiles et raisonnées. Sincère, il l'est également par la responsabilité des arbitrages interministériels relatifs aux surcoûts liés aux opérations extérieures et aux missions intérieures, ainsi que par le rejet d'une programmation alimentée par d'éventuelles recettes exceptionnelles.

Cette ambition budgétaire est au service d'un renforcement des moyens matériels et humains. Si d'autres que moi l'ont synthétisée, notre groupe souhaite néanmoins souligner l'ambition technologique et industrielle manifestée par ce texte, d'ores et déjà mise en mouvement dans notre ambition européenne commune, en particulier avec nos voisins allemands et britanniques sur l'étendue du spectre aéroterrestre. Ces ambitions ne s'entendent qu'au service d'une vision stratégique, que nous avons souhaité renforcer. Nous vous avons accompagnée, madame la ministre, dans la définition des risques émergents qui font l'objet d'un consensus sur ces bancs : le nucléaire tactique, le cyberespace, l'espace. Nous saurons de la même façon vous accompagner pour permettre, collectivement, d'aller au bout de la revue stratégique.

Forts de notre histoire et de notre ambition européenne, évitons la montée aux extrêmes ; prémunissons-nous contre l'extension du domaine de la guerre, stratégie assumée de certaines puissances. Face à la menace terroriste, notre ambition ne nous fait pas oublier la réalité du continuum sécurité-défense, au coeur duquel s'applique le principe de résilience. À cet égard, nous portons l'ambition d'un lien entre l'armée et la nation renforcé, au travers des droits et des devoirs des citoyens envers l'armée : dans l'implication de la sphère privée à l'effort collectif, dans le renforcement des compétences et des fonctions du citoyen-soldat dans la réserve et dans la vie publique, et, bien sûr, dans la reconnaissance due à nos anciens combattants.

Notre aspiration, enfin, est d'inscrire ces objectifs dans le temps, de s'adapter, d'innover toujours pour imposer notre tempo sans jamais subir celui de l'adversaire. Nous saluons ainsi la volonté assumée d'associer le Parlement à cette ambition collective. Nous préparerons avec vous le rendez-vous de 2021. Nous assumerons, par ailleurs, notre responsabilité en matière de renseignement et d'évaluation de la politique publique en ce domaine.

Cette ambition a été servie par une méthode. Dans la préparation comme dans l'application de la loi, cette synergie est – nous l'avons démontré – la seule méthode du succès pour gagner les coeurs et les esprits. C'est dans cet esprit de dialogue constant, rappelé par le travail apaisé et constructif à l'Assemblée, au Sénat, puis en commission mixte paritaire, que nous renouvelons pleinement notre confiance et notre soutien à ce projet collectif au service d'une ambition commune, celui du « succès des armes de la France ».

Rappelons-nous que, si nous forgeons la loi, nos forces armées en sont les premières exécutantes, les premières bénéficiaires et les gardiennes. Classe guerrière au service de la paix de tout un peuple, nos soldats appréhendent plus que quiconque le prix qu'il en coûte dans la grandeur et la servitude de leur engagement. Nous les soutenons aujourd'hui et les soutiendrons demain par nos actions législatives, pour mettre fin à l'attrition budgétaire, pour redresser nos capacités, pour remettre le soldat – sa protection, ses conditions de vie et de combat, sa place dans la cité – au coeur de la fonction militaire, pour construire, enfin, une vision de l'avenir de la France en Europe et dans le monde. De plume ou d'épée, nous sommes au service de la France.

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