Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, ce débat est important, car il concerne des sujets déterminants pour la souveraineté de notre pays. À l'issue de la commission mixte paritaire, nous devons nous prononcer sur cette loi de programmation militaire, qui couvrira la période de 2019 à 2025. Vous vous félicitez, madame la ministre, que cette loi ait été adoptée à une large majorité au Sénat. Je ne vous étonnerai pas en vous disant, Bastien Lachaud a déjà ouvert la voie, que nous ne nous reconnaissons pas dans ce texte et que nous voterons contre son adoption.
Les quelques apports de nos confrères sénateurs ne peuvent remédier au manquement originel de l'indispensable refondation stratégique face aux évolutions géopolitiques contemporaines. Ce vide stratégique a été dissimulé par une effervescence comptable, dévoyant le principe de la loi de programmation, qui veut que la doctrine serve à élaborer le budget, et non l'inverse. Cette tendance a été renforcée par l'influence de certains lobbies intervenant dans ce secteur.
Allons à l'essentiel : pourquoi le budget de la défense devrait-il représenter 2 % du PIB national ? Tout à l'heure, notre collègue, quelque peu flétrissant, a qualifié de salmigondis le propos pourtant clair de mon collègue Lachaud. Mais quelle naïveté ! Ce chiffre de 2 % est parfait : il correspond exactement aux besoins de nos armées, mais aussi – vous feignez de l'oublier – à la demande de l'OTAN et au choix allemand pour son propre budget militaire. Partout 2 % ! C'est un hasard, nous a dit notre collègue, ce chiffre n'a rien à voir avec les exigences de l'OTAN ni, derrière, celles du gouvernement américain. Ne soyons pas naïfs dans ce domaine : sous l'impulsion de Donald Trump, le gouvernement américain veut vendre son matériel militaire. Telle est la menace qui pèse sur nos relations avec l'Allemagne. Nos amis allemands vont sans doute acheter du matériel militaire américain, sous la pression du gouvernement américain. Voilà l'enjeu central du débat ! Ne soyons pas naïfs, contrairement au visage que vous présentez.