Nous parlons des salariés. Bien sûr, nous sommes suivis, nous passons en commission RPS. Pour revenir à la sous-traitance, les nouvelles personnes font l'objet d'enquêtes plus ou moins longues. Les plus longues sont celles concernant les INB. Pour le nucléaire civil, elles peuvent atteindre deux ou trois mois.
Sous la direction d'Henri Proglio, EDF sous-traitait. Elle fait marche arrière et recourt davantage au travail direct. Mais dans certaines institutions nucléaires, la sous-traitance est importante et parfois les salariés des sous-traitants gèrent l'INB. Il est très compliqué pour un chef d'installation de coordonner plusieurs entreprises alors même qu'il n'est pas donneur d'ordre, de transmettre la culture de sécurité et de savoir ce qu'il s'y passe. La radicalisation a été évoquée. Le CEA étant un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), nous nous sommes posé la question du port du voile. De par la loi, le port du voile est interdit dans les INB. Il n'en reste pas moins que des femmes le portent, ce qui est vraiment ennuyeux. Ces personnes entrent « en chaud » voilées. Pour tout dire, la sécurité est plus ou moins suivie.
Les salariés du donneur d'ordres sont surveillés, entourés et suivis ; mais la sous-traitance occupe une place de plus en plus large dans l'industrie nucléaire. Vous avez évoqué l'affaire Bouygues impliquant des Polonais. L'exploitation du réacteur Jules Horowitz a conduit à embaucher massivement des salariés portugais intérimaires. Suite à un arrêt de tranche, ils se sont retrouvés sans travail. Que ce soit les Portugais ou les Polonais, il est difficile aujourd'hui de gérer la sous-traitance dans le nucléaire, notamment en raison de la langue. Peut-être EDF n'emploie-t-elle plus de sous-traitants, mais quand une INB n'est gérée que par des salariés de sous-traitants, nous nous demandons si nous sommes vraiment garants de la sûreté et de la sécurité de toutes ces personnes, dans la mesure où parfois, au bout de trois ans, parfois moins, on change de salariés. Dans ces circonstances, savons-nous gérer la sécurité ? Je pose la question.