Depuis l'instauration du plan Vigipirate en 1995, les conditions d'accès des installations nucléaires de base que nous connaissons ont été considérablement durcies. Certains sites recourent même à l'usage des rayons X. On n'introduit ni téléphone ni clé USB. Les salariés ressentent le contexte sécuritaire, qui peut être pesant. Si certains disent qu'il est facile d'entrer sur une INB, les salariés ne le pensent pas. Avant, on entrait en voiture ; désormais, nous empruntons des bus, on perd un quart d'heure à faire en bus le tour d'un site de 300 hectares. Des contrôles biométriques sont effectués avant d'accéder sur les lieux contenant de la matière qui comprennent, en outre, des zones protégées.
Peut-on aller plus loin ? Il faudrait que les mesures de sécurité soient proportionnées car on ne peut trop contraindre la liberté des salariés sans que, tôt ou tard, ils finissent par en souffrir. Pour l'heure, les personnels sont loyaux. Ils ont besoin d'être valorisés et de conserver le sens de leur travail. Une pression sur les coûts et les effectifs pose la question de la gestion prévisionnelle des emplois. Pour gagner en visibilité sur leur emploi et pour sécuriser les compétences, il faut être attentif aux salariés des sous-traitants dont la vision sur l'emploi s'arrête avec la fin du contrat de sous-traitance. Inversement, au terme d'un contrat de trois ans, le donneur d'ordre peut être privé des compétences des entreprises sous-traitantes. Si les salariés ne sont pas transférés et si l'entreprise qui reprend l'activité ne conserve pas les compétences, celles-ci peuvent être perdues, alors qu'elles sont parfois stratégiques. Il convient de ne pas écarter ces questions, qui sont en lien avec la sûreté.
Bien entendu, le transfert réclame une gestion prévisionnelle des emplois et des carrières (GPEC). Dans nos préconisations, nous demandons une GPEC de filière, qui peut être une filière de bassin englobant les donneurs d'ordre comme les sous-traitants. On ne peut plus conserver de frontières et élaborer une GPEC pour les seuls salariés des donneurs d'ordre.
On ne peut pas dire que la radicalisation ne relève pas de notre compétence. Nous sommes attentifs à notre camarade le plus proche, car notre sécurité personnelle dépend de lui. Toutefois, sauf cas évidents, on ne peut pas détecter toutes les radicalisations, ce repérage relevant du travail des officiers de sécurité. Nous touchons là les limites de nos interventions.
Nous sommes favorables au renforcement du dialogue social, ce qui impose de revoir les questions liées au CHSCT, ce qui est compliqué dans le cadre des ordonnances. Nous sommes favorables à l'amélioration de la gouvernance en ouvrant les conseils d'administration aux représentants des salariés ainsi que cela se pratique dans les Epic, mais non chez les sous-traitants. Enfin, il convient d'avoir une approche rationnelle de la future programmation pluriannuelle de l'énergie et de la place du nucléaire. Telles sont les préconisations de la CFDT.