La coordination médicale et la coordination administrative sont toutes deux indispensables. C'est la clé de notre réussite – je me permets d'utiliser ce mot, mais nous sommes tout de même un peu fiers de ce que nous avons fait.
Il faut impérativement à la fois préparer les réunions et les coanimer. Des comptes rendus doivent être diffusés immédiatement. La rédaction du projet de santé a exigé un gros travail qui a permis de faire différentes rencontres. Il faut aussi avoir une approche administrative que les professionnels de santé n'ont pas toujours.
S'agissant du rapport au groupement hospitalier de territoire (GHT), sans nous voiler la face, nous pouvons impulser leur dynamique, et être des facilitateurs de l'entente des professionnels extérieurs.
Sur notre territoire, nous sommes repartis à zéro après des éclatements de GHT. Le monde hospitalier va mal. Nous avons travaillé avec deux médecins hospitaliers, mais ils ne sont plus à l'hôpital, ils ont quitté le navire. On sent que la dynamique est lourde : les professionnels de l'hôpital ont besoin d'une autorisation pour assister à nos réunions – j'espère que, bientôt, cela se fera plus facilement.
Faut-il introduire de la coercition pour lutter contre les problèmes de démographie médicale ? Non, je pense que ce n'est pas une bonne idée. De toute façon, les jeunes deviennent salariés, quitte à revenir en libéral plus tard, après avoir acquis une certaine expérience. Si on les force à s'installer quelque part, ils choisiront encore plus massivement le salariat, parce que c'est plus facile pour eux et qu'ils sont bien encadrés.
Les incitations financières ne sont pas une bonne idée. Cet argent serait un peu gaspillé. L'incitation financière peut avoir du sens pour les structures comme celle que nous sommes en train de monter. Là, oui, il faut un peu plus d'aides. La devise de Sylvie Mathiaud c'est : « On fait, on travaille, on prouve qu'on sait faire, et, ensuite seulement on va demander de l'argent. » Je la suis sur ce chemin, parce que je la respecte, mais, honnêtement, c'est galère ! Il faut y croire, j'y crois. Il faut que j'emmène beaucoup de monde derrière moi, mais financièrement, nous aurions besoin d'être aidés dès le départ. Évidemment, comme partout, il faudrait commencer par défendre et expliquer son projet, mais à partir de cela, on devrait pouvoir nous faire confiance. La MSA nous a fait confiance, et c'est grâce à cela que nous avons pu nous lancer.
Nous avons, pour notre part, d'excellents rapports avec l'ARS, en raison de sa structuration. La délégation territoriale départementale nous fait confiance. C'est du donnant-donnant : nous les informons quasiment au quotidien de toute notre activité, et ils jouent pour nous le rôle de facilitateurs, par exemple pour des rencontres.
Nous ne nous sommes pas lancés avec un projet de télémédecine, mais aujourd'hui, pour répondre à la pénurie d'ophtalmologistes qui sévit sur toute la France, nous travaillons à des projets d'installation d'orthoptistes dans la structure, et dans la CPTS, qui utiliseraient la télémédecine en liaison avec des centres de lecture de la rétinographie, par exemple, pour le suivi des diabétiques. Nous cherchons à mettre en place des articulations avec des centres hospitaliers universitaires (CHU) pour avoir des ophtalmologues de référence qui soutiendraient ces orthoptistes. Mais nous ne faisons pas de télémédecine en tant que telle – téléconsultation et télé-expertise – pour l'instant.