Intervention de Guillaume Garot

Réunion du mardi 26 juin 2018 à 10h00
Commission d'enquête sur l'égal accès aux soins des français sur l'ensemble du territoire et sur l'efficacité des politiques publiques mises en œuvre pour lutter contre la désertification médicale en milieux rural et urbain

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGuillaume Garot :

Je vous remercie, madame la ministre, pour la clarté de votre analyse des raisons qui font que des départements entiers manquent actuellement de médecins. Je veux, du reste, témoigner de l'inquiétude de ceux de nos concitoyens qui vivent dans ces territoires, voire de leur détresse, car le fait de ne pas avoir accès à un médecin près de chez soi crée un sentiment d'insécurité très fort.

Vous nous avez indiqué – à juste raison, je crois – qu'en resserrant excessivement le numerus clausus, la maîtrise comptable des dépenses était une des causes majeures de la situation actuelle. Vous avez également été lucide en nous mettant en garde contre les effets d'aubaine des politiques d'incitation financière. Du reste, pour les médecins, quelle que soit leur génération, la question qui se pose n'est pas tant celle de leur revenu que celle de la qualité de leur travail. Vous avez ajouté que toutes les politiques d'incitation menées au cours des dernières années avaient trouvé leurs limites et qu'il fallait changer de paradigme. Je vous rejoins sur ce point.

Néanmoins, je dois dire que, même si elles vont dans le bon sens, les mesures que vous nous avez présentées me laissent sceptique. En effet, depuis des années, les solutions que les collectivités locales, les instances ordinales et les ARS se sont efforcées de développer étaient toutes fondées sur l'incitation, et aucune n'a produit d'effet. Or, les mesures proposées relèvent encore de l'incitation ; en tout cas, c'est ainsi que je les ai comprises. Je ne suis donc pas certain qu'elles produiront les effets que nous attendons, en permettant à chacun d'avoir accès à une offre de soins près de chez soi, et que nous apaiserons ainsi l'inquiétude et la détresse de nos concitoyens.

S'agissant de l'installation des médecins, vous n'avez pas prononcé le mot « régulation ». Or, celle-ci existe, pour d'autres professions de santé, notamment les infirmiers et infirmières, dont les représentants nous ont dit qu'elle fonctionnait. Pourquoi s'interdit-on de penser à une régulation de l'installation des médecins ? Ce n'est pas simple, bien entendu. Mais c'est une voie d'avenir, me semble-t-il. Philippe Vigier et vous-même l'avez dit, il est urgent d'agir. En définitive, ne doit-on pas envisager très sérieusement d'appliquer la régulation territoriale de l'offre de soins à toutes les spécialités et à tous les métiers de la santé ?

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