Intervention de Aude Bono-Vandorme

Réunion du jeudi 28 juin 2018 à 9h30
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAude Bono-Vandorme :

Après avoir participé à Sofia, en tant que chef de délégation, à la conférence interparlementaire PESCPSDC, je me suis rendue à Grenade pour une réunion rassemblant les sept États membres méditerranéens de l'Union européenne. Ce groupe MED, comme on l'appelle, a pour objet d'échanger autour de sujets d'intérêt commun en matière de PESC et de PSDC en vue de définir une position qui sera présentée lors de la prochaine conférence interparlementaire.

Jusqu'à présent, le Parlement français était le seul ne pas faire partie de ce groupe et cette absence était mal vécue par nos partenaires. Il faut donc vous remercier, Madame, la présidente, d'avoir accepté le principe de ma participation à ce groupe. Que s'est-il donc passé à Grenade ? Tout d'abord, étaient présents à cette réunion des représentants de l'ensemble des Parlements des États membres méditerranéens, à l'exception des Parlements maltais et italien, alors en pleine crise institutionnelle. La réunion a par ailleurs été marquée par la chute du Gouvernement Rajoy.

Quatre sujets étaient à l'ordre du jour de cette réunion qui, tous, sont au coeur de l'actualité et intéressent particulièrement notre pays. Il s'agit en effet du Sahel, de la politique européenne de Défense, de l'élargissement et des migrations

Je suis intervenue sur chacun de ces sujets. S'agissant du Sahel et de la politique européenne de Défense, je me suis appuyée sur la proposition de résolution que notre commission a adoptée le 22 février dernier à l'initiative de nos collègues Pueyo et Anglade. J'ai insisté sur le fait que les initiatives actuelles de l'Union européenne en matière de Défense étaient exclusivement industrielles, Or, la politique européenne de Défense ne peut se limiter, bien que ce soit nécessaire, à renforcer les capacités militaires européennes. Elle doit se doubler d'une composante opérationnelle car c'est sur le terrain, et notamment au Sahel, que se joue la crédibilité de l'Union en matière de Défense. Or, force est de constater que la France a longtemps été la seule à porter cette vision opérationnelle, même si l'initiative européenne d'intervention a été officiellement lancée lundi.

S'agissant de l'élargissement, l'enthousiasme des pays méditerranéens est resté très mesuré. Certes, tous les participants à la réunion ont convenu que les pays des Balkans occidentaux étaient européens et avaient besoin de l'Europe, comme l'Europe a d'ailleurs besoin de pays stables et prospères dans cette région. Celle-ci est en effet au carrefour de certains grands enjeux actuels de l'Union européenne, en particulier les migrations mais également la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée. En outre, l'adhésion à l'Union européenne est de nature à contrecarrer l'influence grandissante de la Russie et de la Chine dans ces pays. Cependant, les mêmes se sont accordés sur le fait que ces pays étaient encore très loin de respecter les standards européens, en particulier en matière de respect de l'État de droit. Dans ces conditions, l'adhésion ne peut être qu'une perspective lointaine, au-delà de 2025. Une adhésion prématurée serait à l'évidence une erreur, en particulier dans le contexte actuel. En effet, compte tenu des multiples crises qu'affronte l'Union européenne, un nouvel élargissement ne pourrait que l'affaiblir alors que la priorité doit aller à la résolution de ces crises et à la réforme de son fonctionnement dans un sens plus démocratique.

Mais le principal sujet de discussion à Grenade a été la question des migrations face auxquelles les États membres méditerranéens sont, de par leur géographie, en première ligne. La déclaration adoptée à Grenade repose sur trois points qui ont fait consensus : l'Union européenne, fidèle à ses valeurs humanistes et à sa tradition d'accueil, doit accueillir les réfugiés fuyant les zones de conflit en conformité avec le droit international ; la politique migratoire de l'Union européenne doit reposer sur la solidarité entre les États membres, en particulier vis-à-vis de ceux qui sont particulièrement affectés par les migrations, et sur un partage des responsabilités dans l'accueil des réfugiés une fois le statut de ceux-ci légalement reconnu ; la protection des frontières extérieures de l'Union européenne doit être renforcée afin de lutter contre l'immigration illégale et, plus particulièrement, contre le trafic d'êtres humains mis en oeuvre par les passeurs. Corrélativement, les migrants illégaux doivent pouvoir être renvoyés dans leur pays d'origine.

Cette déclaration sera présentée lors de la prochaine conférence interparlementaire PESCPSDC à Vienne en octobre. Je ne doute pas que sous la présidence autrichienne, l'immigration soit au coeur des débats. Il était donc important que les pays méditerranéens, qui sont en première ligne dans une crise qui affecte l'Union européenne dans son ensemble, viennent groupés et plaident, comme ils l'ont fait à Grenade, pour une approche équilibrée de la question des migrations.

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