… a rappelé, dans une intervention ferme – mais sans doute humaine, de son point de vue – , l'ampleur de cette délinquance : 8 700 rodéos constatés par la police nationale et 6 700 par la gendarmerie nationale. Comportements dangereux, infractions au code de la route, nuisances sonores, impact environnemental certain et, surtout, mise en danger de la vie d'autrui : les rodéos constituent une source importante de troubles à l'ordre et à la tranquillité publiques. Pour parler de ma petite personne, à Lille, je constate régulièrement ces comportements dans mon quartier.
Chers collègues, chacune et chacun d'entre nous peut le constater lorsqu'il échange avec les citoyennes et citoyens de sa circonscription ou les élus locaux. Je vous ai fait part du rodéo qui, survenu à la braderie dominicale de Fives, a blessé trois personnes. L'indignation des habitants et des élus est légitime, qui plus est au regard du sentiment d'impunité qu'éprouvent les auteurs de ces actes.
Face à ce phénomène, nous partageons également le constat que les arrêtés municipaux et les coups de force ponctuels de la police et de la gendarmerie ne sont pas, en eux-mêmes, suffisants et qu'une simplification juridique est nécessaire. Nous sommes donc plutôt favorables à la création d'un délit spécifique, qui facilitera le travail de la police.
Cependant, votre proposition de loi n'échappe pas à plusieurs écueils, sur lesquels je vais revenir. En premier lieu, votre texte ne tient pas compte des difficultés que suscitera son application. L'un des principaux problèmes posés par les rodéos aux forces de l'ordre réside dans la complexité de l'interpellation, comme vous le constatez dans l'exposé des motifs de votre proposition de loi.
Les forces de l'ordre renoncent souvent à poursuivre des individus surpris en plein rodéo, car les risques que le délinquant, le policier ou une tierce personne soient blessés au cours d'une course-poursuite sont importants. J'évoquais précédemment l'exemple des rodéos à la braderie de Fives : le week-end suivant, la police et la gendarmerie ont mené une opération d'envergure pour lutter contre ce phénomène. L'opération, préparée à l'avance, et les nombreuses forces de l'ordre mobilisées ont permis de procéder à de multiples interpellations.
Si l'on souhaite lutter contre ce phénomène, il faut également donner des moyens à la police et à la gendarmerie, et non pas rajouter une nouvelle mission sans moyens supplémentaires. En effet, si l'on n'a pas de policiers pour constater l'infraction, toutes les lois possibles et imaginables resteront vaines. Il pourrait même s'avérer contre-productif de consacrer d'aussi longs débats à un phénomène que l'on prétend éradiquer sans rien changer, ou presque, dans le monde réel.