Madame la présidente, madame la ministre, madame la rapporteure, mes chers collègues, nous rencontrons très souvent, au cours de nos permanences, des concitoyens dont le quotidien est troublé par les nuisances engendrées par des quads, des motos, des mini-motos ou divers véhicules dont le seul but est de faire le plus de bruit possible ou d'aller le plus vite possible. On déplore ces comportements dans nos quartiers, nos coulées vertes, dans les allées de nos forêts et parfois même dans nos villages. Partout, ils suscitent l'exaspération de nos concitoyens confrontés à ces situations.
Les riverains n'en peuvent plus, et beaucoup ont le sentiment que ceux qui sont chargés de garantir leur sécurité et leur tranquillité ne parviennent pas à remplir convenablement leur mission, en particulier face à ce phénomène. Ils nous exhortent à agir, avant que des violences n'éclatent ou qu'un accident grave ne se produise.
Que répondre à ceux qui nous interpellent en nous demandant où est l'autorité de l'État ? Malgré l'arsenal juridique existant, les pouvoirs publics semblent désarmés face à ces phénomènes dangereux. J'ai discuté de ce sujet, à de multiples reprises, avec de nombreux policiers, tant municipaux que nationaux, et je témoigne que ce n'est pas la volonté d'agir qui fait défaut ; mais ils se heurtent à la complexité des actions possibles et à l'inadaptation du cadre juridique.
Cette complexité est due notamment à la consigne de ne pas s'engager dans des courses-poursuites. Les raisons de ces instructions, que j'approuve, sont évidentes : une telle réaction ajouterait du danger au danger pour les forces de l'ordre, pour les contrevenants et pour tous ceux qui se trouveraient sur leur chemin. Le risque d'accident est important ; il s'en est, hélas, déjà produit. Cette réalité impose donc la plus grande prudence dans les interpellations liées à ce type d'infraction.
L'essentiel du ressenti des policiers face au phénomène des rodéos motorisés est un sentiment d'échec de la loi républicaine : échec parce que les moyens juridiques sont aujourd'hui notoirement insuffisants et parce que le phénomène et sa dangerosité sont sous-estimés ; échec parce qu'il est difficile de faire cesser l'infraction et d'interpeller les auteurs, deux missions de l'essence même pourtant du métier de policier ; échec parce que les véhicules sont rarement retrouvés et que, dès lors, ce fléau persiste, voire se développe, les véhicules circulant en toute impunité entre les quartiers, ou étant cachés dans des espaces privés inaccessibles ; échec de la police qui ne sait plus quoi répondre à la population, car celle-ci n'en peut plus. Notre service public n'est pas à la hauteur ; il n'a pas l'efficacité que l'on attend de lui, ce qui engendre de l'incompréhension et de la colère, voire fait naître la volonté de régler le problème sans faire appel aux pouvoirs publics.
Il est donc urgent de mettre un terme aux agissements illégaux de certains de ces conducteurs d'engins. L'enjeu dépasse largement la sécurité routière et la constatation des infractions. C'est d'une véritable reconquête de l'espace public que nous avons besoin : certains habitants n'osent plus sortir de chez eux.
Pour preuve, voici le témoignage d'une habitante de ma circonscription : « Cette rue, c'est le terrain de jeu de ces jeunes. On est à bout de nerfs. Avant, on se promenait par plaisir ici, mais maintenant c'est terminé. Les policiers ne font rien. Ils les regardent passer, et puis c'est tout, même sans casque. » Ce témoignage le prouve, si besoin était : il y a urgence à agir.
La lutte contre les rodéos motorisés passe par l'amélioration de notre arsenal juridique – c'est ce que propose ce texte de loi – et par le renforcement des actions de prévention.
Sur le premier point, le texte qui nous est proposé représente une avancée. La systématisation des immobilisations des véhicules est, par exemple, très attendue par la police sur le terrain. Il convient aussi de préciser que la notion de « voie ouverte à la circulation publique » permettra de ne pas faire la distinction entre voie publique et voie privée. À partir du moment où leur accès est libre, les voies privées tout comme les parkings seront concernées.
Outre la répression des délits, il faut également mener une action de prévention, notamment dans les établissements scolaires, pour sensibiliser nos jeunes à la sécurité routière. Le personnel de l'éducation nationale est déjà mobilisé, et il est toujours bon d'associer les policiers.
Grâce à cette proposition de loi, les acteurs de terrain disposeront d'outils efficaces. Les maires, les services et les habitants seront heureux de savoir que l'on dote les forces de l'ordre de moyens d'agir, dans une période hélas particulièrement propice à ce type d'activité. Ce texte permettra aux forces de l'ordre de travailler encore davantage au bénéfice du vivre-ensemble et de la sérénité de la population.
Je tiens d'ailleurs à saluer l'action des forces de l'ordre – police comme gendarmerie – qui interviennent parfois dans des conditions extrêmement dangereuses, afin de mettre un terme à ces rodéos.
En mobilisant tous les dispositifs mis en place ces dernières années – les zones de sécurité prioritaires, la vidéo-protection, le renforcement des moyens alloués à la police et à la gendarmerie, la mise en place de la police de sécurité du quotidien – et en y ajoutant cette proposition de loi, il sera plus aisé pour les forces de l'ordre de lutter contre les rodéos motorisés. En votant ce texte, nous contribuons donc aujourd'hui à l'amélioration de l'efficacité de l'action publique et au renforcement du vivre-ensemble.