Intervention de Dominique Dhumeaux

Réunion du jeudi 28 juin 2018 à 8h30
Commission d'enquête sur l'égal accès aux soins des français sur l'ensemble du territoire et sur l'efficacité des politiques publiques mises en œuvre pour lutter contre la désertification médicale en milieux rural et urbain

Dominique Dhumeaux, vice-président de l'Association des maires ruraux de France (AMRF), maire de Fercé-sur-Sarthe :

Ces vingt dernières années, les gouvernements successifs ont à peu près tout essayé. Alors pourquoi ne pas envisager de nouvelles solutions ? À partir du moment où un Gouvernement s'empare du sujet et cherche des solutions, cela me convient.

En revanche, la question des ARS est un vrai problème, qui freine bon nombre de projets. Je puis vous citer l'exemple de trois communes qui souhaitaient ouvrir une maison médicale sans médecin, mais avec un grand nombre de paramédicaux – infirmiers, kinés, etc. Un projet qui, selon l'ARS, n'était pas viable. Eh bien cette maison a été ouverte, sans aide, dans la petite commune sarthoise de Saint-Saturnin, qui avait davantage de moyens financiers que les deux autres. Et quelques mois après son ouverture, deux médecins ont postulé. Ce qui montre que, lorsque tout est en place – les locaux, les paramédicaux –, les médecins arrivent tout naturellement.

Or les ARS empêchent ce type de projet ; c'est une aberration. Un grand nombre de projets n'aboutissent pas du fait de leur rigidité. Il serait donc essentiel d'assouplir le fonctionnement des ARS et d'y intégrer des élus et des étudiants – avant la 6e année – qui pourraient ainsi faire valoir leurs positions et formuler des propositions.

Mme Maincion estime que les élus locaux vont devoir se débrouiller seuls les dix prochaines années ; je pense que le problème sera réglé avant. J'ai en effet rencontré et échangé régulièrement avec des étudiants de 4e, 5e et 6e années, pour comprendre leur situation et leurs choix. Je suis intimement convaincu que si un travail était mené avec eux, si nous leur permettons de faire le choix de la médecine générale en milieu rural – milieu qu'ils ne connaissent pas et qui mériterait d'être intégré dans leur parcours universitaire –, le problème serait résolu plus facilement.

Un étudiant de 6e année doit effectuer un stage de six semaines, me semble-t-il, en milieu rural. Or un grand nombre d'entre eux ne le réalise pas, au motif que, s'ils partent, ils perdront le petit boulot qu'ils ont en ville pour financer leurs études. C'est une réalité dont nous devons tenir compte. Un grand nombre d'étudiants de 6e année effectuent des gardes dans des maisons de retraite ou sont sapeurs-pompiers pour compléter les 245 euros qu'ils gagnent par mois pour 30 heures effectuées par semaine dans un CHU. Je suis persuadé que si un tel travail était mené, ce n'est pas dix ans qu'il faudrait attendre, mais seulement six, car après trois ans d'internat ils pourraient s'installer dans la commune rurale qu'ils auraient choisie.

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